Crusaders 1 : La colonne de fer — Christophe Bec & Leno Carvalho

Résumé :
« La colonie humaine installée sur Titan reçoit, via un étrange signal, les plans de constructions de fabuleux vaisseaux spatiaux et les coordonnées d’une galaxie lointaine et primitive. Après plusieurs mois de fabrication, le Crusader 1 prend la tête d’une armada prête à rejoindre les créateurs du signal. Propulsés à travers des trous de ver, les vaisseaux arrivent en vue d’une gigantesque structure extraterrestre tendue entre deux astres : “La Colonne de fer” ! Dans quel but a-t-elle été bâtie ? Pour contrer quelle menace ? »

Fiche technique :
Scénariste : Christophe Bec
Illustrateur : Leno Carvalho
Coloriste : Vyacheslav Panarin, Massimo Travaglini
Éditeur : Soleil
Pagination : 68 pages
Prix : 15,95 €

Le petit truc qui m’agace pour commencer, c’est le sticker sur la couverture « Par le Scénariste de Prométhée & Olympus Mons – Recommandé par SYFY ». Alors ce n’est pas le contenu du sticker qui m’agace, mais le fait d’acheter un bouquin et d’avoir un truc collé dessus. Et que potentiellement si j’essaye de l’enlever, je vais abimer la couverture. Je déteste qu’on colle des stickers sur des livres, encore plus quand l’illustration de couverture est belle.

Maintenant, parlons du contenu. Christophe Bec, que je compte parmi mes contacts, annonçait sa fierté de sortir une BD de hard-SF (un genre de science-fiction dans lequel les technologies décrites, les formes sociales présentent dans l’histoire et les découvertes ou évolutions ne sont pas en contradiction avec l’état des connaissances scientifiques au moment où l’auteur écrit l’œuvre). J’étais franchement curieux de voir ce que pourrait donner une BD de hard-SF. Il faut dire que c’est un genre littéraire qui n’est pas toujours très digeste et très accessible, donc sur le format BD c’est un sacré défi.

La BD s’ouvre sur une flotte de vaisseaux de plusieurs origines, dont l’un des Crusaders. Cette flotte rejoint une mystérieuse planète et est anéantie en un instant. Sacrée entrée en matière. Et non, je ne spoil pas grand-chose, car ce sont les toutes premières pages disponibles en extrait sur le site officiel de Soleil. À partir de là, on revient en arrière et découvre comment l’espèce humaine est entrée en possession des plans pour construire les Crusaders, mais on a aussi un aperçu de cette humanité qui a essaimé à travers le système solaire. Rien de très utopique, le capitalisme prédateur semble toujours exister, pas de civilisation post-pénurie (l’économie de l’abondance est un modèle économique dans lequel tout ou partie des biens, services et informations sont gratuits ou pratiquement gratuits), l’humanité n’a pas encore quitté le système solaire ni rencontré d’autre civilisation. D’ailleurs le récit n’est pas daté, on ne sait donc pas à quelle distance dans le futur l’auteur imagine cette histoire. D’ailleurs, il n’y pas d’indicateur quand on navigue entre les époques (intro, souvenir du personnage principal, présent) c’est légèrement plus embêtant, mais pas dramatique, car ces sauts sont peu nombreux.

La partie hard-SF est une réalité. Beaucoup de science et de concept peu connu du grand public, mais dont la partie théorique est tout à fait plausible. Christophe Bec nous épargne des explications trop longues, mais ne nous laisse pas non plus nous débrouiller tout seul. Il reste toutefois des concepts et technologies qui ne sont pas expliqués, mais ils échappent aux personnages eux-mêmes. Par exemple, les crusaders sont construits via des plans complets envoyés par les extraterrestres. Construit par des robots et automates, leurs capacités technologiques restent grandement inconnues des équipages qui embarquent à bord. Par exemple, les vaisseaux sont capables d’ouvrir et maintenir des trous de ver à la grande surprise des équipages. J’aimerais bien savoir comment les vaisseaux fonctionnent (les personnages aussi d’ailleurs), et notamment comment ils sont pilotés. Car même si les humains sont aux commandes, ils doivent bien être assistés par une IA et un superordinateur vu l’écart technologique.

Le livre se termine par la première rencontre avec les extraterrestres ayant envoyé les plans de construction des crusaders. On est encore loin de savoir ce qui va nous amener à la scène d’introduction. Nul doute qu’on en découvrira plus dans les tomes suivants, aussi bien sur le but des extraterrestres que sur la technologie des crusaders. En tout cas ce qui me change des autres BD de SF que j’ai pu lire ces dernières années c’est qu’on est moins dans l’action-aventure, moins dans le Hollywoodien et plus dans l’exploration, le mystère et le scientifique. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’action dans d’autres tomes, mais en tout cas je suis très curieux de lire la suite.

Parlons maintenant de l’aspect graphique. Leno Carvalho est un quasi-inconnu chez nous, pourtant il ne manque pas de talent. Les dessins des vaisseaux et technologies sont très réussis et très plausibles, ce qui aide à s’immerger dans le récit. Les scènes spatiales et panoramas planétaires sont très réussis, certains auraient gagné à être plus mis en valeur (la sortie du trou de ver notamment). La couverture est superbe. Le travail des coloristes (Vyacheslav Panarin et Massimo Travaglini) est très réussi aussi et se marie à merveille au dessin de Carvalho. Pour ma part, je m’attendais à plus (probablement beaucoup trop) de « sens of wonder », mais je pense que c’est tout simplement très difficile à rendre à travers une BD.

Reste que c’est une très bonne BD de hard-SF, bien écrite (accessible et riche) et bien dessinée et que ce pari risqué est à mes yeux une réussite. J’attends donc la suite avec impatience. Si vous aimez la SF sérieuse et plausible, cette BD a clairement sa place dans votre bibliothèque.

L’avis d’Alfaric sur Les Portes du Multivers ainsi que celui du vénérable Apophis.

9 commentaires sur “Crusaders 1 : La colonne de fer — Christophe Bec & Leno Carvalho

  1. Tout à fait d’accord (je l’ai chroniqué aussi), un bon album, pas un waou mais bien au dessus de la moyenne. J’ai pourtant relevé un gros soucis de scénario au démarrage qui perd le lecteur plus que de raison. C’est une tendance de Bec d’être complexe parfois pour pas grand chose. J’espère qu’il saura simplifier les scénarios de la suite mais je suis optimiste car il annonce une série assez courte (j’avais abandonné promettez à regret en voyant le déroulé interminable).

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    1. À la base je suis un gros fan du travail de Bec, mais en effet j’ai abondé Prométhée aussi. AU tome 18. Je trouve que l’intrigue s’étale trop et n’avance pas assez. J’ai tenté Olympus Mons, mais j’ai l’impression de faire face à un produit assez similaire à Prométhée, j’ai donc arrêté au tome 2. L’avantage c’est que Crusader sera une série courte. Si le succès est au RV il y aira peut être un autre cycle, mais court lui aussi. En réalité plus le temps passe plus j’aime les séries courtes et denses, que ce soit en livre ou à l’écran.

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      1. Très rare que plus de 6 tomes par série soient justifiées. Au delà on est sur des arcs, des one-shot ou des diptyques comme sur la plupart des séries au long court aujourd’huis. Je trouve que van hamme , encore une fois, avait trouvé le format idéal sur largo winch avec des histoires de 100 pages sur deux volumes.

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