Le Molosse — Gou Tanabe

Résumé :
« Un voyage aux tréfonds de notre monde, là où se tapit l’innommable… Dans “Le Temple”, un sous-marin allemand isolé en haute mer est victime d’une étrange malédiction. La peur s’empare de l’équipage et entraîne le vaisseau au plus profond des abysses, là où aucun homme n’est encore allé… Les héros du “Molosse”, eux, n’hésitent pas à profaner des tombes pour assouvir leur passion de l’occulte. Fervents lecteurs de leur copie du Necronomicon, ouvrage de magie noire, ils vont découvrir que certaines choses doivent rester enfouies à jamais… Ce même Necronomicon guide le voyageur de “La Cité sans nom” au milieu du désert. Là, l’homme comprend que sa civilisation n’est pas la seule sur Terre, et que l’être humain est bien petit face aux forces de l’inconnu… »

Fiche technique :
Adaptation et dessin : Gou Tanabe
Éditeur : Ki-oon
Pagination : 172 pages

Comme ce fut le cas avec « Celui qui hantait les ténèbres », ce volume contient donc plusieurs histoires de Lovecraft adapté par Tanabe : « Le Temple », « Le Molosse » et « La cité sans nom ». Je dois bien avouer que je ne sais plus si j’ai lu ces textes du Maitre de Providence, peut-être il y a longtemps, peut-être jamais. « Le Molosse » et « La cité sans nom » me disant vaguement quelques choses. Pour ce qui de « Le Temple », je suis quasiment certain de ne jamais l’avoir lu.

Le Temple

L’histoire avait déjà été adaptée en BD sous le titre « U-29 » par Florent Calvez et Rotomago, mais je n’ai pas lu cette version. Cette histoire se déroule à bord du sous-marin allemand U-29 durant la Première Guerre mondiale. De retour en surface, les sous-mariniers allemands découvrent un marin agrippé à la coque du navire, une victime de l’une de leurs attaques précédentes. Le commandant Karl Heinrich s’empare d’une étrange figure d’ivoire sculpté que le mort avait avec lui et ordonne que le cadavre soit jeté à la mer. L’un des marins est alors persuadé de le voir partir à la nage. C’est le début de la décente aux enfers pour un équipage qui sombre dans la folie et enchaine les galères dans un milieu où la superstition est de mise. Seul le commandant semble tenir bon… jusqu’à être le dernier survivant… jusqu’à ce qu’il trouve une cité sous-marine. Si l’ambiance froide et paranoïaque est bien rendue, on sent que le monde de la sous-marinade et les capacités techniques de ses navires étaient mal connus à l’époque de l’écriture du texte, car la sous-marine survit plus longtemps qu’il ne l’aurait pu à ses avaries et atteint des profondeurs que même les sous-marins de la Seconde Guerre mondiale n’atteignaient pas sans risque. Aussi l’adaptation de Tanabe fait l’impasse sur le fait que l’histoire nous est narrée à travers le manuscrit retrouvé de Karl Heinrich. Peut-être que l’auteur a élagué quelques autres détails, afin de mettre l’accent sur la folie qui dévore l’U-29 de l’intérieur.

Le Molosse

Nous suivons ici deux jeunes hommes passionnés d’occulte qui se rende en Hollande pour déterrer le cadavre d’un sorcier qui était lui-même un pilleur de tombe en son temps. Dans la tombe, ils trouvent une amulette en forme de chien. Ils n’en connaissent pas la signification, mais elle leur rappelle un objet évoqué dans le Necronomicon. A peine de retour en Angleterre que le Molosse les attaques et l’un des deux acolytes est massacré. Le survivant tente alors de ramener l’amulette à son propriétaire afin de, peut-être, lever la malédiction. Et comme presque toujours avec Lovecraft, ça ne termine pas très bien. À nouveau, Tanabe fait un choix étrange dans son adaptation, puisque sa version ne s’ouvre pas exactement de la même manière que l’originale. Cette dernière démarrant avec le narrateur sur le point de mettre fin à ses jours. La façon dont le japonais représente la menace du Molosse est par contre très efficace puisqu’on ne voit presque jamais le monstre et jamais de manière claire qui permettrait d’identifier complètement sa nature. La seule représentation claire qu’on en aura est l’amulette. Le Molosse marque le récit par les ravages qu’il engendre, rendant sa menace autrement pesante.

La cité sans nom

Un explorateur découvre une cité enfouie au milieu du désert arabe. Au plus profond des tunnels, il découvre des fresques évoquant une attaque de la ville ainsi que des momies d’êtres reptiliens. Il finit par comprendre que ceux-ci étaient les habitants de la cité. Il conclut que l’arabe dément Abdul al-Hazred avait rêvé de cet endroit avant d’écrire ces vers : « N’est pas mort ce qui à jamais dort, Et dans les ères peut mourir même la Mort. » La cité sans nom est Iram, la Cité des mille piliers, une cité perdue qui serait située dans la Péninsule arabe. J’avais découvert cette légende à travers l’univers de « L’Histoire secrète » de Jean-Pierre Pécau. L’Histoire elle-même est assez convenue, et comme « Le Molosse » n’est reliée aux textes marquants du Mythe que par le Necronomicon et son auteur Abdul al-Hazred. L’adaptation de Tanabe a toutefois l’avantage d’offrir quelques cases intéressantes, comme celles représentant la dépouille d’un reptilien, ou le plafond du temple façon chapelle Sixtine reptilienne.

Globalement

En dehors de quelques cases, ce volume ne permet à Gou Tanabe d’exprimer toutes les qualités de son dessin contrairement aux autres volumes jusqu’à présent. Le dessin est toujours très bon, seulement les histoires choisies ne laissent pas autant de place que les autres précédentes aux doubles-pages terrifiantes par le sens du détail apporté aux décors et créatures. On retrouve par contre la maitrise des ambiances nocturnes toujours aussi impressionnantes malgré un travail en noir et blanc.

Si l’adaptation elle-même est bonne, je ne suis pas sûre que le choix des œuvres soit des plus pertinents. La collection s’appelle (en France) « Les chefs-d’œuvre de Lovecraft […] par Gou Tanabe ». « Le Temple », « Le Molosse » et « La cité sans nom » sont des œuvres mineures de l’auteur de Providence, qui, même après que le talent de leur auteur eu été reconnu, n’ont pas spécialement été salués par la critique ou par les fans. Il s’agit de texte assez convenu. « Le Molosse » et « La cité sans nom » n’apportent rien au Mythe auquel ils ne sont reliés que par le Necronomicon. Il aurait mieux valu adapter des textes plus importants de la bibliographie de Lovecraft, qu’ils soient, ou non, reliés au Mythe des Grands Anciens.

Besoin d’un deuxième avis? Voici la chronique de Gromovar!

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