Aurora tome 1 : Phénomènes — Bec, Raffaele, Paitreau

Résumé :
« Une gigantesque aurore boréale enveloppe la Terre durant 24 heures, au cours desquelles naissent 222 000 enfants. Ils ne pleurent pas, ne rient pas, ne ressentent aucune empathie et ont un QI anormalement élevé. Ce sont les Enfants de l’Aurore. Lorsque s’alignent les huit planètes de notre système solaire, les Enfants de l’Aurore passent à l’action, avec une coordination inexplicable, dans un but de domination et d’asservissement de l’espèce humaine. Leurs caractéristiques de naissance en font des êtres froids et calculateurs. Ceux qui refusent de se soumettre deviennent des proies, les Enfants de l’Aurore se révélant des exterminateurs d’une efficacité terrifiante. »

Fiche technique :
Scénariste : Christophe Bec
Illustrateur : Stefano Raffaele
Coloriste : Stéphane Paitreau
Éditeur : Soleil
Pagination : 64 pages

Alors qu’il y a peu, je chroniquais le tome 4 de Crusaders, me voilà à nouveau avec une BD de Christophe Bec sur mon bureau. Je n’ai découvert l’existence d’Aurora qu’une semaine avant sa sortie, notamment grâce à un généreux extrait de 16 pages disponibles ici. Étant assez fan du travail de Bec depuis que j’ai découvert son travail sur Sanctuaire où il exerçait en tant que dessinateur, il y a maintenant une vingtaine d’années.

Ce tome s’ouvre avec une brutalité et une violence assez sidérante (si vous n’aimez pas le gore, passez votre chemin), mais très esthétique, lorsqu’en 2046, à Francfort et à Khorat de jeunes gens que rien ne semble lier commettent de terribles massacres. Immédiatement après, l’auteur nous ramène 21 ans en arrière et nous fait découvrir les fins de grossesses de plusieurs femmes, qui vont accoucher alors qu’une étrange et gigantesque aurore rouge balaye le ciel mondial. Cet évènement vaudra le surnom d’Enfants de l’Aurore, à ceux qui sont nés ce jour-là. Un surnom, qui a quelque chose de poétique, mais les évènements des années à venir vont clairement nous indiquer que quelque chose cloche. Nous suivons alors jusqu’à la fin du tome et de manière épisodique l’enfance de quelques Enfants de l’Aurore et autant vous dire qu’il y a matière à malaise. Les gamins que nous suivons paraissent avoir une intelligence surdéveloppée qui s’accompagne d’une certaine psychopathie. Chacun des gamins ayant grandi dans un environnement différent, ils sont tous différents, mais tous assez malaisants, voire terrifiants. Tous ? Peut-être pas, car les deux que l’on croise dans les trois dernières pages semblent bien plus sympathique et laissent donc l’espoir que tous les Enfants de l’Aurore ne soient pas des psychopathes. Le tout se passe dans un monde dépeint par petite touche est qui n’est qu’une continuation vers le pire de ce que nous connaissons déjà : capitalisme ravageur, problèmes climatiques, épidémies… Globalement, si ce tome n’est qu’une introduction, je dois avouer qu’il est d’une efficacité redoutable : démarrage aussi mystérieux que violent, suivit d’un phénomène inexplicable, puis des premières années des gosses étranges et dérangeants avec un point d’espoir pour la conclusion.

Petit paragraphe « spoiler » avant de parler du graphisme. L’étendue inouïe de l’Aurore, le fait que l’un des gamins que l’on suit semble entendre des voix, que l’un deux se voit le leader d’un groupe à venir, qu’avant la naissance d’un gamin une « voyante » lui prédise un certain avenir… Tout cela me laisse envisager qu’après « Prométhée », « Olympus Mons » et « Labyrinthus » Christophe Bec se lance dans une nouvelle exploration du thème de l’invasion extraterrestre ou du premier contact.

Fin des spoilers, parlons graphisme. On retrouve Stefano Raffaele au dessin, collaborateur fréquent du scénariste avec qui il a travaillé sur de nombreux albums et séries dont « Prométhée », « Pandemonium », « Olympus Mons », « Tarzan », « La terre vagabonde »… J’aime beaucoup le travail de Raffaele. Son dessin me rappelle, sur le plan du style, celui de Christophe Bec lorsqu’il était dessinateur, plus précisément quand j’ai découvert son travail sur la série « Sanctuaire ». Cette dernière est une sorte de madeleine de Proust, la série qui m’a fait revenir à la bande dessinée franco-belge. Bref, j’aime beaucoup le dessin relativement détaillé et réaliste de Stefano Raffaele, mais ici, je trouve qu’il s’est encore amélioré et certains visages et regards sont vraiment superbes. Le tout se marie à merveille aux couleurs de Stéphane Paitreau pour former un ensemble d’une redoutable efficacité. Le visuel est d’une qualité constante tout au long de l’album, certaines ambiances sont incroyablement efficaces (la fusillade du centre commercial, la scène des corbeaux…) et le duo offre une sacrée double-page avec le passage de l’aurore rougeoyante sur la magnétosphère. Le découpage et la mise en page font plus qu’accompagner et renforcer la tension et la violence du scénario, elles en accentuent le rythme et le dynamisme et contribuent au fait qu’on le dévore d’une traite.

« Phénomènes » est un tome introductif d’une efficacité scénaristique indéniable et je suis très curieux de découvrir où Christophe Bec va nous emmener. Cela s’accompagne d’une qualité graphique tout aussi indéniable, constante, avec un duo Raffaele-Paitreau que j’espère voir à l’œuvre sur toute la série et bien d’autres ! La série Aurora démarre avec toutes les qualités d’un blockbuster bédéesque efficace et prometteur.

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3 commentaires sur “Aurora tome 1 : Phénomènes — Bec, Raffaele, Paitreau

  1. Des enfants nés dans ces circonstances particulières développant des capacités  »surhumaines ». Le point de départ n’est pas inédit mais toujours accrocheurs.

    Le dessin est en effet sanglant. Mais je trouve incohérent dans la première scène qu’un homme désarmer arrive a défenestrés autant de victimes. Pour la seconde, hélas, cela m’a rappelé une vidéo surveillance d’un massacre dans un centre commercial au Kenya passé lors d’un stage de sécurité. Cela m’avait vraiment retourner l’estomac à l’époque.

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    1. Pour le premier point: on découvre dans les pages suivantes, que physiquement, ils ont des capacités au-dessus de la norme, même durant l’enfance. Mais cela fait pour le moment parti du mystère.
      Pour le deuxième point : ayant vu un certain nombre de vidéos du genre, en effet, je comprends tout à fait ce que tu as ressentit.

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