The Department of Truth (Tome 3) – James Tynion IV & Martin Simmonds

Résumé :
« Comme tout organisme, le Département de la Vérité a une histoire. Une longue histoire… dont les ramifications plongent dans un lointain passé, bien avant l’existence même des États-Unis. Pour en savoir autant que possible sur l’agence qui vient de le recruter, le jeune Lee Harvey Oswald décide de creuser cet héritage. Les Men in Black, l’alunissage, L’Homme-Papillon, autant de terribles secrets l’attendent au cœur des archives, autant de complots qui pourraient bien être liés à sa fulgurante ascension… »

Fiche technique :
Scénariste : James Tynion IV
Illustration : Martin Simmonds, Elsa Charretier, Tyler Boss, John J. Pearson, David Romero, Alison Sampson, Jorge Fornes
Couleur : Matt Hollingsworth, Roman Titov, Jordie Bellaire
Éditeur : Urban Comics
Pagination : 184 pages

Arrivé au 3ème tome de la série, je vous avertis que cette chronique risque de comporter quelques spoils. Si vous ne vous êtes pas encore frotté à ce comics, j’espère que les chroniques des tomes 1 et 2 vous convaincront.

Le tome 2 se terminait sur une interrogation de Cole Turner au sujet de son patron Lee Harvey Oswald, ce troisième volume va nous apporter, à sa manière, des réponses… et de nouvelles questions. En effet, on en venait à se demander si « Lee » et le « Département » étaient du « bon côté » et ici, nous allons suivre l’arrivée de Lee au sein de l’agence, ses premières années, les expérimentations qui vont le mener jusqu’au poste de directeur. C’est un volume qui diffère des autres, car les six chapitres qui le composent sont illustrés par autant d’illustrateurs. En conséquence, Martin Simmonds, cocréateur, ne signe ici que les couvertures.

Le premier chapitre voit Lee Harvey Oswald assister à son propre assassinat en direct à la TV depuis les locaux du Département de la Vérité, avant d’être invité, par son mystérieux directeur, à se plonger dans les archives. Cela nous ramène en l’an 1000 de l’ère commune et nous fait comprendre que l’Histoire, la réalité dans laquelle nous vivons, n’est qu’une fabrication du christianisme pour inventer une continuité de l’Empire romain, socle de la civilisation occidentale et du « monde libre » qui donne son titre à ce volume.

Le deuxième chapitre nous raconte comment le jeune « Doc Hynes » a rejoint le Département. Cela nous permet d’en découvrir plus sur ce personnage et nous le rendre sympathique, d’autant qu’il a un rôle à jouer dans les chapitres suivants. Le jeune Doc, encore adolescent, a découvert par lui-même le pot aux roses quant à la question de la réalité et de l’émergence des phénomènes OVNI et des hommes en noir. Comme nous l’avait expliqué le premier tome, plus les gens croient à quelque chose, plus cette chose devient une réalité…

Le troisième chapitre voit Lee et Doc aller à la rencontre d’un « illuminé » qui va éclairer nos protagonistes quant à l’origine de cette explosion des conspirations depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cela semble lier avec les théories « New Age » d’Aleister Crowley et Ron Hubbard, mais aussi l’occultisme nazi, tout en renforçant le mystère autour de Babalon, la Femme en rouge. Ce chapitre marque aussi la première rencontre entre Lee et Hawk, ce dernier étant le fils de l’illuminé de service.

Le quatrième chapitre marque le début des expérimentations par Lee, avec la complicité de Doc, des manipulations de la réalité dans le but d’en comprendre le fonctionnement et de capturer ce qui en émane. C’est ainsi qu’est créé le mythique Mothman un évènement qui va bouleverser Lee et l’amener à questionner sa propre réalité. Qui est le Lee mort à Dallas ? Cette question va mener Lee à disparaitre pendant quelque temps.

Cette disparition de Lee est couverte dans le cinquième chapitre. En pleine vague « Peace & Love », Lee va se noyer dans la drogue, incertain de sa propre réalité. Il s’avère que sa partenaire du moment n’est autre qu’une taupe de la CIA chargée de le surveiller. On comprend alors que des projets tels que MKULTRA ne sont rien d’autre que des tentatives de manipuler la croyance et donc la réalité.

Le dernier chapitre tourne autour de la manipulation de l’alunissage d’Apollo 11 dans cette guerre des réalités entre grandes puissances. On découvre enfin l’identité du directeur du Département de la vérité et on assiste aussi à l’ascension de Lee au poste de directeur.

Si le format du récit change drastiquement par rapport aux deux tomes précédents, c’est l’occasion d’en apprendre plus sur ceux que j’ai envie d’appeler les « plieurs de réalités », sur le Département de la vérité et ses rivaux. On découvre ainsi qu’il en existe un équivalent soviétique, ce qui veut dire que la guerre froide est une « guerre des réalités ». Surtout, on comprend donc que Cole Turner ne travaille pas pour les gentils… pour la simple raison qu’il n’y a pas ou plus de gentils. L’ensemble des implications, quand on y pense, est assez vertigineux et nous prépare le terrain pour la suite de l’aventure qui va probablement être très intéressante. Les « illuminati » évoqués furtivement semblent être d’une nature bien différente que celle que leur prêtent les théories conspirationnistes de notre réalité et je suis curieux de voir ce que va en faire James Tynion IV.

Visuellement, ce tome a le défaut de n’importe quels albums collectifs : les inégalités graphiques et les différences de style. Personnellement, le chapitre 1, mis en image par Elsa Charretier et Matt Hollingsworth, est celui qui m’a le moins convaincu. Les chapitres 2 et 6, respectivement imagés par Tyler Ross et Roman Titov pour l’un et Jorge Fornes et Jordie Dellaire pour l’autre, ont un graphisme classique, mais efficace. Les chapitres 3 (John J. Pearson) et 4 (David Romero) sont en couleurs directes et plutôt réussies, je regrette juste que le chapitre 4 soit relativement peu illustré. Le chapitre 5 est celui qui m’a le plus impressionné par son style assez radical où le dessin d’Alison Simpson et la couleur de Jordie Dellaire se marient dans un feu d’artifice psychédélique qui correspond parfaitement au thème du chapitre.

« Monde libre » diffère beaucoup des tomes précédents. Il aurait pu me frustrer par la pause qu’il marque dans le récit de Cole Turner, mais c’est pour mieux répondre à une partie des questions qu’il se pose (et nous avec lui). Pourtant, James Tynion IV ne répond pas à toutes les questions (il est trop tôt pour ça) et continue à donner de la profondeur à son univers. Visuellement, si le travail de Martin Simmonds m’a manqué, je ne peux pas dire que ce tome soit mauvais. Sa nature collective le rend inégal, notamment sur le plan du style graphique, mais a aussi de bons côtés, notamment le chapitre illustré par Alison Simpson et Jordie Dellaire. Vivement la suite.

Vous pouvez lire un extrait ici.

Envie d’un deuxième avis ? Voici celui de Vincent Lapalus chez L’accro des bulles.

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