Mad Max: Fury Road – George Miller

Résumé :
« Hanté par un lourd passé, Max Rockatansky estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il se retrouve embarqué par une bande qui parcourt le Westland à bord d’un véhicule militaire piloté par l’Imperator Furiosa. Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe qui s’est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce Seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles impitoyablement… »

Fiche technique :
Réalisateurs : George Miller
Scénaristes : George Miller, Brendan McCarthy, Nick Lathouris
Acteurs principaux : Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult, Hugh Keays-Byrne

Alors que nous nous apprêtons à aller voir Furiosa, nous avons revu Fury Road, film que je n’avais pas chroniqué sur le blog puisque ce dernier n’existait pas à la sortie du film.

Le film m’avait ensorcelé avec son superbe trailer, mais à mon grand regret je n’avais pas pu aller le voir au cinéma. Il fait partie de la petite poignée de film que je regrette amèrement de ne pas avoir vu en salle.

Il est à noter que je n’ai étrangement jamais accroché aux trois premiers films de la franchise. Heureusement, il n’y a pas besoin de les avoir vus pour apprécier Fury Road. Ce dernier dit peu de choses tout en en racontant énormément. Les personnages ne parlent pas pour ne rien dire, ils ne balancent pas d’élément d’exposition. L’histoire et l’univers sont diffusés touche par touche, une phrase, une scène, un détail, un regard, un geste… Ce film est une master class de narration par le détail. Fury Road démarre avec deux fils narratifs qui vont vite se croiser. Dès l’intro, Max (Tom Hardy) est capturé par les hommes d’Immortan Joe (Hugh Keays-Byrne). De son côté, l’Imperator Furiosa (Charlize Theron) est chargé de conduire un porte-guerre pour une mission de troc/ravitaillement. Alors que le convoi de Furiosa change soudainement d’itinéraire, Immortan Joe découvre que son Imperator s’est fait la malle avec son trésor, son harem de femelles reproductrices. Le chef de guerre lance alors la totalité de ses troupes à la poursuite de Furiosa, dont le « warboy » Nux qui va embarquer Max, qui lui sert de « globulard » (transfusion sur patte), sur sa monture. Le film tourne alors à la course poursuite hystérique et apocalyptique absolument hors-norme. Tout juste si le film marque une pause de quelques minutes aux deux tiers. D’un scénario simple, que certains traiteraient d’aller et retour. Miller, McCarthy et Lathouris font un film d’action qui, bien au-delà du spectacle, est prenant et touchant à souhait tant l’écriture et le jeu d’acteur font merveille. Le moindre geste, ou rictus des protagonistes, donne une information, font avancer l’histoire et les relations, installant compréhension et respect entre les personnages. Max, Furiosa et Nux, qui se méfient l’un de l’autre, vont se « conquérir » au fil des gestes et des actes plus que des mots. Fury Road s’avère être une histoire de libération et de rédemption. Furiosa veut redevenir ce qu’elle était et libérer les femmes de leur tyran. Max, solitaire et fuyant les fantômes de son passé, va s’en libérer en faisant ce qu’il n’a pas su faire auparavant, sauver des vies. Nux, dont la vie était une quête de sens, en avait trouvé dans les promesses fanatiques d’Immortan Joe, avant de se réaliser pleinement dans sa quête du Valhalla, non en semant aveuglément le chaos et la désolation, mais en participant à la libération des autres. Non pour des promesses de grandeur, mais parce qu’on lui a témoigné une affection et un respect sincère.

Max le fou

Au niveau du casting et du jeu, il n’y a pas une erreur de casting, pas un acteur qui joue mal. Toutefois, Tom Hardy, Charlize Theron et Nicholas Hoult dominent l’écran. Hoult, dans le rôle d’un Nux fanatique explosif, est étonnant. Mais celle qui crève l’écran, c’est Charlize Theron, qui, après le mauvais Prometheus, nous offre une performance à la fois bestiale, enragée et terriblement touchante. Si le film s’appelle Mad Max, c’est bien Furiosa qui à mes yeux portes l’essentiel du récit. Toutefois, Tom Hardy n’a pas à rougir dans le rôle de Max, assez mutique, mais presque sauvage, il va même bâtir/renforcer sa légende tant à l’écran que hors champ.

Sur le plan visuel, Fury Road est probablement le meilleur film d’action des dix voir vingt dernières années. Je pense que pour ce qui est des scènes de course poursuite, le film a enterré toute la concurrence. La licence Fast & Furious ne se hissant même pas à la cheville de ce film à travers sa dizaine de films. Les accrochages, explosions, combats et fusillades directement sur les véhicules (notamment sur le porte-guerre, lieu central de l’action) sont tout simplement hors norme. Le mélange de prises de vues réelles et effets spéciaux bénéficie d’une qualité d’intégration irréprochable pour le résultat le plus bluffant qui m’a été donné de voir depuis très longtemps. La dernière fois que des scènes de course poursuite m’ont bluffée à ce point, c’était dans Matrix Reloaded, mais à mes yeux le film de Miller surpasse largement le film des sœurs Wachowski. Les scènes de la tempête de sable et l’attaque des motards justifient à elles seules de voir et revoir ce film. Les véhicules, au design totalement dément, ont parfois l’air d’être vivants, particulièrement le porte-guerre. Les costumes et character design sont bluffants, mention spéciale à l’Imperator Furiosa. Que dire des décors ? Un « simple désert » totalement sublimé par la réalisation et la photographie. Un grand-vide transcendé tant par les choix de prise de vue que celui des teintes allant de l’orange rougeoyant et incandescent en plein jour (ou pendant la fameuse tempête) à un bleu profond et glacial pour les scènes des nuits.

Imperator Furiosa

Avant de conclure, un petit point sur la violence. Si le film est déconseillé au moins de treize ans, j’ai trouvé la gestion de la violence assez brillante. L’univers est sombre et désespéré. Les mutants sont repoussants et les mutilés font mal à voir. Les femmes sont des objets et marchandises (le thème central du film), mais la violence pure, celle du sang et des mutilations est si peu mise en avant que c’en est surprenant de pudeur.

J’ai vu le film une demi-douzaine de fois et je n’ai toujours par réussie à lui trouver le moindre défaut. Fury Road est une fresque épique ou un excellent Max partage l’affiche avec une fabuleuse Furiosa. Charlize Theron livre une de ses toutes meilleures performances pour un rôle ou personne ne l’attendait. Jamais l’action n’aura été aussi démente et prenante, jamais l’apocalypse n’aura été aussi belle et saisissante. La narration par l’image, le jeu et le détail nous rappelle qu’il n’est pas nécessaire de faire parler des personnages ou de faire de l’exposition et des punchlines pour raconter une histoire, faire vivre ses personnages et dévoiler un univers. Fury Road est « tout simplement » une leçon de cinéma d’action, de technique et de narration, probablement l’un des meilleurs films de ces dix à vingt dernières années.

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