Evil – CBS & Paramount (4 saisons)

Résumé :
« Un psychologue et un scientifique sceptiques se joignent à un prêtre catholique en formation pour enquêter sur les mystères inexpliqués, les miracles et les possessions démoniaques. »

Fiche technique :
Network: CBS & Paramount
Créateur : Robert et Michelle King
Acteurs principaux : Katja Herbers, Mike Colter, Aasif Mandvi, Christine Lahti, Michael Emerson

Présentation

Une série qu’on avait commencée à regarder sur TF1 en 2020 par pure curiosité, d’autant qu’à la base les histoires à base de « surnaturelle », Dieu et le Diable ne m’intéressent aucunement. La saison 1 s’était avérée être une bonne surprise… avant qu’on perde la série de vues. En effet, TF1, comme d’autres chaines françaises (M6 par exemple), a tendance à acheter plein de séries et les diffuser n’importe comment… ou ne pas diffuser la suite.

On a repensé à cette série à la fin de l’automne, début de l’hiver, dernier et avons décidé de reprendre depuis le début. En France, la série est disponible sur Paramount +, accessible via Prime Video, et peut-être aussi Canal+ (je vous laisse vérifier).

Pour vous dire les qualités de cette série, je n’ai de cesse de dire mon aversion pour les séries longues (hors anthologies) et j’ai pourtant regardé quatre saisons (entre 10 et 14 épisodes) en à peine deux mois.

Histoire

La psychologue médico-légale Kristen Bouchard (Katja Herbers) est engagée par le séminariste catholique David Acosta (Mike Colter) pour travailler avec lui et le sceptique ingénieur Ben Shakir (Aasif Mandvi). Leur mission, pour l’Église catholique, est d’enquêter sur des évènements supposément surnaturels. Au fil du temps, leurs vies personnelles se trouvent entrelacées avec ces éléments qui semblent parfois inexplicables. Les individus derrière certains de ces évènements, dont le Dr Leland Townsend (Michael Emerson), semblent obsédés par Kristen et sa famille.

« Le mal grandit parce qu’il est en communication avec lui-même. »

Très souvent la série joue avec la question du « surnaturel ou pas » ? En effet, ce qu’on voit à l’écran a souvent l’air surnaturel, divin, maléfique. Mais Kristen et Ben y trouvent généralement des explications logiques. Toutefois, série prend, surtout aux yeux du spectateur, un tournant définitivement surnaturel quand on découvre que Leland Townsend semble travailler avec des démons, des vrais avec cornes, sabots et fourrure. Démarre alors une machination dont Kristen et sa famille semblent être des ingrédients indispensables et qui pourrait bien décider du sort de l’Humanité.

La série met bien à profit l’actualité de son époque de tournage. Ainsi, le contexte post-COVID, la désinformation sur les réseaux sociaux, les cryptomonnaies, les « app » et les influenceurs sont autant de moyens que les « Soixante » (des maisons démoniaques) exploitent pour influencer le monde, le rendre plus dangereux, plus effrayant. La série en profite aussi pour aborder des questions telles que les violences faites aux femmes, la place de la femme dans l’Église, le racisme, les addictions…

La série alterne souvent des moments sombres et violents, parfois durs ou crus avec d’autre plus loufoque ou drôle qui permette de respirer un peu. La série reste interdite au moins de seize ans, il y a pas mal d’hémoglobine, du sexe et des scènes qui même si elles ne sont parfois que suggérées restent très violentes. Je pense notamment à une scène où presque rien n’est montré et dans laquelle Kristen trouve le corps d’une femme éviscéré par son époux qui était persuadé que l’enfant qu’elle portait était un monstre la détruisant de l’intérieur. Cette scène est aussi terrifiante et révoltante que brillamment mise en scène.

La série s’avère être capable de sacrifier des personnages assez importants auxquels on s’est parfois beaucoup attaché tant à cause de l’écriture que du talent des actrices et acteurs. Kristen, personnage principal, est aussi attachante que problématique et fait la force de la série. Les créateurs ont fait le choix d’une fin qui reste légèrement ouverte (il n’y aura pas de suite pour autant), mais qui résout l’essentiel des intrigues principales et secondaires. Cette fin a aussi la qualité de ne pas être « les gentils ont gagnés, FIN ! », car le Mal est toujours là.

Il y a toutefois quelques défauts sur le plan scénaristique et vous en parler implique quelques spoilers. D’abord, je pense qu’il aurait été plus courageux et choquant d’avoir une « mauvaise fin » ou le Mal triomphe. Par exemple, un triomphe de Leland et des Soixante, tuant Kristen et sa famille et permettant l’avènement de l’antéchrist. Cela aurait scotché et choqué les spectateurs. Aussi, il y a des éléments d’intrigue secondaire qui ne sont pas résolus ou qui sont abandonnés en court de route. Je pense notamment à Ben et deux intrigues le concernant. D’abord sa relation avec Vanessa et la « sœur » de celle-ci. Que-ce qui s’est passé ? Ensuite, à partir de la troisième saison on trouve Ben dans une passe difficile, suite à un petit « incident », qui fait qu’il se met à avoir des visions « surnaturelles » qu’il tente d’expliquer de manière rationnelle tout en commençant avoir des absences. Le personnage étant franchement attachant, le voir subir cela est prenant et touchant, mais dans les tout derniers épisodes cette partie de l’intrigue disparait soudainement. De la même manière, Andy, le mari de Kristen, qui finit interné puis adultère disparait soudainement dans les derniers épisodes sans que les questions soulevées par ses actes, mais aussi ce qu’il a subit, ne soient traités.

Réalisation, son et image

La réalisation de la série est globalement efficace. Il y a quelques moments incroyables ou géniaux, et les ratés sont très rares. Les scènes effrayantes, pleines de suspense ou bien les plus violentes sont globalement très réussies et certaines sont même assez dingues d’efficacité. Certaines des scènes les plus violentes/dures étant parfois celles qui en montre le moins, mais avec une efficacité redoutable.

Il y a beaucoup de très bons décors. Aussi le travail sur les tenues et costumes est solide. L’un des tours de force de la série tient à ses effets spéciaux. Si l’usage d’image de synthèses n’est pas toujours des plus réussis, les effets pratiques sont en revanche souvent superbes. Notamment, les costumes des démons qui sont souvent incroyables tant sur le plan du design que du rendu. « George » et tant d’autres ayant un design plausible et un travail de prothèse et maquillage bluffant.

Au niveau du son, la série fait un travail tout à fait OK. La bande originale offre quelques bons moments, notamment les musiques des génériques.

Casting

Le casting est l’une des grandes forces de la série. Le trio Kristen-David-Ben offre une dynamique incroyable. Les acteurs sont très bons et l’alchimie que dégage le trio est incroyable. Katja Herbers, dans le rôle de Kristen, est la force de la série. L’actrice est incroyablement bien castée pour son personnage auquel elle donne à la fois une certaine normalité (belle femme, mais pas bimbo) et un aspect souvent rayonnant et parfois ténébreux, voire déchirant. Elle offre une performance d’une rare qualité pour une série TV. Aasif Mandvi offre aussi une chouette performance dans le rôle de Ben.

Michael Emerson dans le rôle Leland Townsend est assez étonnant. Le personnage est puant de malfaisance et c’est assez surprenant de voir Emerson dans ce rôle assez grand-guignolesque, d’autant que ma découverte initiale de cette série était après l’excellente série « Person of Interest » dans lequel il jouait un personnage bienveillant très différent et plus torturé.

Dans un registre et un niveau assez proche de celui de Katja Herbers, il y a aussi Christine Lahti, qui joue le rôle Sheryl Luria, mère de Kristen. Le personnage et tout autant capable d’être chaleureux, drôle et rayonnant que tragique, voire maléfique. Là aussi, l’actrice offre une très bonne performance.

Au niveau des rôles secondaires, Kurt Fuller dans le rôle Dr Kurt Boggs est étonnement bon pour un personnage qui, s’il est récurant, reste tout à fait secondaire.

Le trio de personnages principaux est redoutablement efficace et attachant. Les personnages secondaires ne sont pas en reste. Les acteurs sont globalement bons voir très bons et Katja Herbers est carrément exceptionnelle. La mise en scène offre ambiance redoutablement efficace, souvent dramatique, voire tragique et parfois chaleureuse et drôle. Enfin, les designs et effets pratiques des démons sont une réussite majeure. En revanche, une fin plus tragique et sombre n’aurait pas été de refus.

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