Spin – Robert Charles Wilson

Résumé :
« La vie de Tyler Dupree est inextricablement liée à celle des jumeaux Lawton, Diane et Jason. Ils étaient ensemble la nuit où la Terre a été coupée du reste de l’univers par une mystérieuse barrière opaque à l’extérieur de laquelle le temps s’écoule des millions de fois plus vite. Il ne reste donc plus que quelques décennies avant que le Soleil ne transforme la Terre en une boule de feu, exterminant ainsi l’humanité. Jason n’a alors plus qu’un but dans la vie : comprendre pourquoi et par qui la barrière a été installée. »

Fiche technique :
Auteur : Robert Charles Wilson
Éditeur : Folio
Pagination : 624 pages

Voilà un livre qui était dans ma PAL depuis belle lurette. J’en ai lu 99 % la veille de mon opération et j’ai terminé le dernier chapitre à ma sortie de soins intensifs. Du même auteur, j’avais déjà lu et beaucoup aimé Blind Lake.

Difficile de parler de ce livre sans spoiler un minimum. Via Tyler Dupree, nous découvrons l’apparition soudaine et inexpliquée du Spin, une « membrane » qui isole la terre du reste de l’univers. Tyler n’est alors qu’un enfant qui vit sur le domaine d’une famille riche, les Lawton, et passe une partie de son temps avec les deux enfants de la famille Diane et Jason. On a alors un point de vue chronologique (avec des ellipses) de l’impact du Spin sur la société terrienne, l’évolution des enfants Lawton et surtout la carrière de Jason au côté de son père, la carrière de Tyler lui-même, les dérives de Diane, les rares percées sur la compréhension du Spin. Ce dernier a un côté « ta gueule, c’est magique » que l’auteur lui-même, met en avant via ses personnages. Personne ne comprend la nature de cette barrière, son origine. On finit par partir du principe qu’elle est le fait d’une civilisation extraterrestre avancée qui va gagner le surnom d’Hypothétiques. Via des fusées, on envoie des sondes, qui parviennent à passer la membrane, mais reviennent aussitôt. L’analyse de donnée finit par montrer un différentiel d’écoulement du temps. Ce dernier s’écoule 100 millions de fois moins vite qu’à l’extérieur du Spin. Cela veut dire que d’ici à quelques décennies à l’extérieur du Spin, le Soleil se transformera en géante rouge, rendant théoriquement la terre inhabitable… à moins que le Spin protège la terre. Ces avancées (modestes) dans la compréhension se font via Jason Lawton et son père qui travaillent dans l’aérospatiale et ont notamment fait fortune via les aérostats suite à la perte de tous les réseaux satellites causée par le Spin. Jason, via une fondation de plus en plus influente, va alors mener un effort, une lutte, pour comprendre le Spin et tenté de s’en débarrasser. L’humanité va, entre autres, utiliser le différentiel temporel causé par le Spin pour coloniser, quasiment à l’aveugle, la planète Mars. En parallèle de ces évènements passés, d’autres chapitres nous montrent la fuite de Tyler et Diane face à un ennemi mystérieux alors que Tyler subit une étrange transformation suite à l’injection d’un « remède ». Progressivement, ses deux points de vue temporels vont se rapprocher et se télescoper pour offrir au lecteur une compréhension de la situation, le tout accompagné d’un « Sens of Wonder » non négligeable.

La façon dont Robert Charles Wilson dépeint l’impact du Spin sur la psyché humaine collective est impressionnant de justesse. Certains plongent dans des délires sectaires et des histoires de châtiment divin. Tout le monde ressent le Spin comme une épée de Damoclès, comprenant que si cette « prison » disparait, la terre sera détruite. La colonisation de Mars et ses conséquences sur l’intrigue sont franchement impressionnantes. Enfin, s’il ne fait aucun doute que le Spin et ses conséquences sont le fait d’une civilisation extraterrestre avancée, ni le lecteur ni les personnages n’en connaitront la nature et les objectifs et on théorise que cette civilisation est en fait constituée de Machines de Von Neumann. C’est à la fois un peu frustrant et reflète en même temps l’écart technologique entre « eux » et « nous », en faisant une entité de nature quasiment divine. Seul défaut du livre, à mes yeux, le dernier cinquième du livre traine légèrement en longueur, mais rien de bien méchant.

Le livre fait partie d’une trilogie dont les tomes suivants sont « Axis » et « Vortex », mais je ne sais pas si je les lirai. En effet, à la lecture, « Spin » fait l’impression d’un « one-shot » qui ne livrera pas toutes ses réponses et ne donne pas l’impression d’avoir besoin de suites. Ces dernières d’après le seigneur Apophis sont loin d’être au niveau du premier tome.

Avec « Spin », Robert Charles Wilson nous offre un livre qu’il est difficile de lâcher tant il est rythmé, intriguant et plein de « Sens of Wonder ». Si le dernier cinquième du livre m’a paru un peu longuet, l’ouvrage dans son ensemble reste une sacrée lecture, plus que recommandable tant il permet de ressentir l’impact et le poids de la situation tant au niveau mondial qu’au niveau individuel. Le fait de ne pas tout savoir de la civilisation extraterrestre derrière le « Spin » pourrait paraitre frustrant s’il ne renforçait pas l’aspect mystérieux et la nature quasi divine des « Hypothétiques ».

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