Une forme de guerre — Iain M. Banks

Résumé :
« Horza, l’un des derniers métamorphes, peut modifier sa forme à sa guise, ce qui en fait une redoutable machine de guerre. Il s’est engagé, aux côtés des Idirans, dans une croisade personnelle contre la Culture, cette immense société galactique anarchiste, tolérante, éthique et cynique. Mais son combat n’est qu’une escarmouche insignifiante dans la Grande Guerre qui embrase la Galaxie, entre la Culture et les Idirans fanatiques. Une guerre anachronique : une guerre de religion. »

Fiche technique :
Auteur : Iain M. Banks
Éditeur : Le Livre de Poche
Pagination : 633 pages

Voilà un paquet d’années que je voulais me frotter au cycle de la Culture de Iain M. Banks. En fait depuis qu’Apophis me l’a conseillé il y a… longtemps. Profitant de ma récente hospitalisation, j’ai embarqué ma liseuse et je me suis donc attaqué à ce cycle promettant un Worldbuidling exceptionnel et un sacré « Sens of Wonder ». « Une forme de guerre » est le troisième tome publié en VF, mais en réalité le premier en VO (sous le titre Consider Phlebas), j’ai donc décidé de suivre l’ordre de publication originale.

« Une forme de guerre » nous propulse sans introduction au milieu de la guerre entre la Culture et les Idirans qui dure déjà depuis des années. Nous suivons Bora Horza Gobuchul dit Horza, espion au service des Idirans qui fait face à Pérosteck Balvéda qui remplit le même rôle pour la Culture. Après avoir été démasqué par Balvéda, Horza est prisonnier des Gérontocrates de la planète Sorpen et est sur le point d’être mis à mort, lorsqu’une flotte Idiran vient le sauver. Pourquoi se donner tant de mal pour un simple espion ? Horza est un métamorphe, capable de prendre l’apparence d’autre humanoïde. Il a aussi déjà séjourné sur Schar, où son supérieur Xoralundra veut l’envoyer récupérer un Mental. Qu’est-ce qu’un Mental ? Une sorte de giga IA surpuissante (dont les calculateurs sont maintenus en hyperespace, rien que ça), conçue pour « incarner » un vaisseau, de guerre dans ce cas particulier. Sur le point d’être détruit par une flotte idiranne, le Mental a abandonné son vaisseau et s’est projeté dans le refuge le plus sûr à sa disposition : un ancien bunker sur la planète Schar. Cette dernière est une planète morte, protégée par un Dra’Azon, une entité surpuissante et mystérieuse issue d’une ancienne civilisation. Comme vous le voyez, dès les premiers chapitres, le world building est intéressant et le « Sens of Wonder » est déjà là. Alors que la flotte idiranne ayant récupéré Horza est à son tour mise en déroute par une flotte de la Culture, l’espion se retrouve livré à lui-même et dérive dans sa combinaison spatiale. Nous allons alors suivre ses pérégrinations pour survivre et, tant bien que mal, accomplir sa mission. Il va alors s’intégrer à un groupe de mercenaires et guetter une opportunité d’imiter et remplacer son leader. Une bonne partie du livre va nous faire suivre son parcours au côté de la troupe de mercenaires alors qu’Horza se lie progressivement à son équipière Yalson. La troupe enchaine les missions foireuses et Horza fini même entre les mains d’une secte cannibale, les Mangeurs, nous livrant quelques passages peu ragoutants. Arrivant finalement à ses fins, Horza va pouvoir usurper son boss et prendre le contrôle de la troupe pour partir sur Schar, mais une invitée surprise se joint à son groupe.

Le livre nous en dit étonnamment peu sur la Culture alors même que c’est le nom du Cycle. Il nous permet en revanche de comprendre ce qui a mené à la guerre entre la Culture et les Idirans. Si la deuxième partie permet de découvrir différents mondes au fil des sous-intrigues lié à la troupe de mercenaires, l’intrigue principale n’avance quasiment pas d’un pouce pendant ce temps. Et lorsqu’Horza peut enfin se relancer dans sa mission, les pérégrinations sur le monde Schar sont à nouveau très lentes. Dans cette troisième et dernière partie, il se passe beaucoup de choses en peu de temps, mais ce « peu de temps » est trop étalé, étiré. Par contre, la fin est assez surprenante et savoureuse dans son genre.

Sur le plan des qualités, je dois avouer que les personnages m’ont bien plu. D’abord par leur diversité biologique, car si l’Humanité a essaimé à travers les étoiles, elle s’est aussi diversifiée, donnant par exemple les métamorphes. Le personnage d’Horza est justement très intéressant, parce que ses motivations quant à son soutien aux Idirans nous permettent de comprendre que la guerre n’est pas une simple question de gentils et de méchants, mais de vision de la vie, de paradigmes, totalement opposés. Le personnage est lui-même ambigu, parfois attachant, mais assez détestable à d’autres moments. Malgré tout, la Culture fait office de « gentille », car elle est au centre du cycle, mais dès ce premier tome, Banks nous fait comprendre que tout n’est pas rose dans la Culture, même si elle est une civilisation et une puissance formidable. Initialement, pacifiste, la Culture s’est donc tournée vers la guerre pour faire face à l’expansion des Idirans. Si cela a commencé à mobiliser une puissance technologique et militaire formidable, cela a aussi créé une scission dans cette civilisation et la pousse à avoir recours à des expédients en totale opposition avec son pacifisme initial. Des divergences sont aussi visibles au sein des Idirans, qui par leur côté martial et expansionniste se retrouvent dans le rôle de « méchant ». On découvre pourtant qu’il y a des personnages plutôt civilisés et dignes de confiance, comme Xoralundra, mais aussi des extrémistes prêt à tout pour accomplir une mission et gagner la guerre. Aussi, si par leur apparence exotique (sorte de « batraciens » marchant sur trois jambes) et leur expansionnisme, les Idirans pourraient faire office de « grosses brutes » l’auteur évite cet écueil.

Autre qualité, et non des moindres : l’univers et le worldbuilding. Si j’ai déjà évoqué quelques éléments précédemment, « Une forme de guerre » nous donne à apercevoir des batailles aussi impressionnantes qu’expéditives par la démesure des moyens qu’elles impliquent. On croise aussi des vaisseaux gigantesques, un anneau monde aquatique (l’Orbitale de Vavatch) sur lequel naviguent des « megaships »… brefs il y a de quoi faire.

Le livre se conclut par une postface nous détaillant les destins des personnages ayant survécu, la guerre entre la Culture et les Idirans ainsi que la transformation de la Culture, passant d’une société pacifiste à une puissance militaire de tout premier ordre.

Invoquant un world building intéressant et un certain « Sens of Wonder », « Une forme de guerre » est surtout porté par ses personnages et leurs nombreuses péripéties. Le tout est malheureusement bien trop dilué et est handicapé par un problème de rythme qui affecte la majorité des deuxièmes et troisièmes parties du livre. Ce dernier aurait peut-être pu faire deux cents pages de moins, mais reste intéressant pour qui veut se frotter au « cycle de la Culture » puisque la guerre qu’il nous dépeint est un élément important du cycle et influence une partie des autres romans qui le compose. De plus, malgré ses défauts, et s’il n’est pas exceptionnel, le livre me semble recommandable pour toute personne aimant la SF à « Sens of Wonder », le world building, le space opera et la SF militaire.

Envie d’un autre avis ? Allez faire un tour du côté de chez Apophis.

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