Projet Dernière Chance — Andy Weir

Résumé :
« Un astronaute se réveille amnésique dans un vaisseau spatial, à des millions de kilomètres de la Terre. Il découvre petit à petit qu’il est le dernier espoir de l’humanité, alors que la vie terrestre est menacée d’une extinction massive. »

Fiche technique :
Auteur : Andy Weir
Éditeur : Bragelonne
Pagination : 480 pages

Du même auteur, j’avais adoré « Seul sur Mars ». « Artémis » ne me tentait absolument pas. En revanche, « Projet Dernière Chance » me branchait plutôt bien était dans ma liste d’achat potentiel. Ma mère me l’a donc offert à Noël dernier.

Le protagoniste se réveille amnésique. Il ne se souvient pas de son nom et est très affaibli. Il est dans un habitacle et des bras robotisés prennent soin de lui. Il a aussi deux cadavres pour compagnons. Reprenant des forces, il explore son environnement et commence aussi à avoir quelques flashbacks. Il est prof de science. Il est dans un vaisseau spatial et… il est en approche de Tau Ceti !

L’intrigue est narrée via deux fils chronologiques inversés. D’un côté, le présent du protagoniste qui finit par se rappeler son nom (Ryland Grace) et qui doit comprendre et accomplir une mission. De l’autre, des flashbacks ponctuels, du plus ancien au plus récent, qui permettent à Grace de comprendre peu à peu ce qu’il est et ce qu’il fait là. Avant de se rabattre sur le métier d’enseignant, il était un biologiste moléculaire connu. Un jour, une scientifique balance une théorie, elle a identifié une étrange ligne entre Vénus et le Soleil. Ce dernier semble perdre de sa luminosité, ce qui est évidemment inquiétant. Une sonde est envoyée dans cette « ligne de Petrova » et les échantillons révèlent une forme de vie qui se nourrit du soleil. C’est déconcertant, d’autant que l’on comprend que d’autres étoiles sont affectées, mais pas Tau Ceti. Pourquoi ? Comment ? Alors que le monde court à sa perte, l’opération Dernière Chance est lancée. Il s’agit, en utilisant cette nouvelle forme de vie comme carburant, d’envoyer une mission habitée pour découvrir pourquoi Tau Ceti semble être épargnée. Comment Grace a fini par être embarqué là-dedans ? Que va-t-il découvrir ?

Un livre qui mélange hard SF et Sens of Wonder dans un univers plausible au sein duquel il est facile de se projeter. Surtout l’auteur semble invoquer beaucoup de clichés pour mieux jouer avec. L’histoire qui commence avec un héros amnésique m’a fait lever les yeux au ciel, mais a une explication largement valable (même deux en réalité). C’est une histoire de premier contact. De deux premiers contacts même. D’abord avec une forme de vie non intelligente, mais problématique. Ensuite avec une forme de vie intelligente, très loin des clichés que l’on peut craindre. Très, très différentes. Bien supérieur à l’Homme dans de nombreux domaines (un classique, un cliché même), mais aussi bien inférieur dans d’autres domaines et pas forcément ceux qu’on attend (jouer avec le fameux cliché).

On retrouve un peu le schéma de « Seul sur Mars », avec un protagoniste qui est engagé dans une mission impossible et lutte pour sa survie. Sauf qu’ici, il doit survivre assez longtemps pour accomplir sa mission, non pas pour rentrer chez lui. On retrouve donc le personnage du scientifique qui doit résoudre des problèmes et accomplir une mission. Andy Weir, reproduis aussi le schéma de « Seul sur Mars » pour ce qui touche à la science. Tout est expliqué, tout est plausible ou semble l’être. Surtout, c’est extrêmement accessible et didactique, car comme dans « Seul sur Mars », le protagoniste nous explique, voir explique à son compagnon d’infortune. Dans « Seul sur Mars », Mark Watney, n’est qu’un « botaniste » qui nous apprend, via son journal de bord, comment il tient son « potager martien » et nous explique la science que lui transmet la NASA dans le but d’assurer sa survie. Ici, Ryland Grace nous explique ses recherches et découvertes dans son domaine principal qu’est la biologie moléculaire. Étant un scientifique assez généraliste, il a des bases dans les autres domaines. Surtout, les ordinateurs de son vaisseau contiennent l’ensemble des connaissances scientifiques disponible au moment du lancement de la mission. Enfin, son « compagnon d’infortune » lui fournit une aide indispensable dans d’autres domaines.

Si j’ai senti venir certains éléments de l’intrigue, Andy Weir est plutôt malin. Il joue avec les clichés pour parfois totalement les retourner. Il amène parfois des éléments de manière prévisible, mais ne nous livre pas forcément ce qu’il nous avait emmenés à anticiper. L’écriture est au moins aussi remarquablement fluide et agréable que celle de « Seul sur Mars ». Toute la partie en lien avec le premier contact avec une espèce intelligente est franchement géniale et assez prodigieuse en termes de « Sens of Wonder ». Je ne peux pas vous en parler sans spolier l’un des atouts majeurs du bouquin, mais rien que pour cet aspect-là, le livre mérite d’être lu. Dernier, point que j’ai apprécié : Ryland Grace, comme Mark Watney avant lui et beaucoup de gens dans une situation désespérée (dont votre serviteur), verse pas mal dans le second degré, l’autodérision et l’humour caustique. Ça marche toujours aussi bien sur moi, car dans une situation de merde, l’humour, c’est un peu tout ce qu’il nous reste.

Mon seul regret ? J’aurais aimé savoir ce qui advient d’Eva Stratt.

Dernier point avant la conclusion : l’adaptation ciné. Comme « Seul sur Mars », qui fut adapté avec succès tant critique que commercial, « Projet Dernière Chance » va peut-être connaitre le même destin. En effet, les droits sont détenus par Amazon MGM Studios et la production ne va pas tarder à démarrer. Ryan Gosling est annoncé dans le rôle-titre, Drew Goddard (scénariste du film « Seul sur Mars » ainsi que de « Cloverfield ») est annoncé au scénario, enfin Phil Lord & Christopher Miller devrait s’occuper de la réalisation. Vu la quantité de contenu et de Sens of Wonder, le projet d’adaptation ne sera pas une mince affaire selon moi.

Avec « Projet Dernière Chance », Andy Weir reprend une partie de la recette qui avait fait le succès de « Seul sur Mars » tout en étant encore plus ambitieux. Il invoque pas mal de clichés pour mieux les retourner et amène parfois le lecteur à anticiper des trucs en les rendant prévisibles pour mieux s’en détourner ou en dériver. Tout n’est pas novateur et certains éléments seront prévisibles pour les habitués du genre. Le livre est toutefois très efficace, très agréable et très vulgarisateur sur l’aspect scientifique. En même temps, il convoque un Sens of Wonder ahurissant tout en étant très chaleureux, parfois drôle, souvent touchant. Bref, une réussite majeure pour une magnifique histoire de science-fiction et de premier contact.

Envie de lire d’autres avis ? Voici ceux d’Apophis, de Gromovar, de l’Épaule d’Orion, de Feygirl, du Chien Critique, du Maki, de Yuyine, De livres en livres, de Vive la SFFF ! (c’est bien vrai ça !), Lorhkan, de la Navigatrice de l’imaginaire.

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