Rome West – Brian Wood, Justin Giampaoli, Andrea Mutti

Résumé :
«  En l’an 323, une flotte romaine se perd dans une tempête et se retrouve sur les côtes du Nouveau Monde, un millénaire avant Christophe Colomb. Incapables de rentrer chez eux, les soldats établissent une nouvelle colonie, Roma Occidens, qui modifie radicalement la chronologie de l’Amérique et des événements mondiaux ultérieurs. »

Fiche technique :
Scénario : Brian Wood et Justin Giampaoli
Dessin : Andrea Mutti
Couleur : Lee Loughridge
Éditeur : Jungle Comics
Pagination : 112 pages
Prix : 14,95 €

Voilà un livre découvert purement par hasard, mais qui m’a vite intéressé. Il y a le grandissime Brian Wood (DMZ, The massive) au scénario, c’est une uchronie et en plus c’est un Oneshot.
Je ne connais pas le coscénariste Justin Giampaoli et même si je n’ai pas lu d’œuvres dessinées par Andrea Mutti, il a un sacré CV.
Ce Oneshot contient les 12 numéros américains parus au format fascicule en 2018 (chez Dark Horse) complétés d’un carnet de croquis de 6 pages, le tout pour une pagination de près de 100 pages pour seulement une quinzaine d’euros.

Comme beaucoup d’uchronies et beaucoup d’œuvres écrites par Brian Wood, le scénario touche à la politique et on y trouve un message progressiste.
Chaque chapitre est l’équivalent d’un des fascicules de la version US et nous raconte une tranche de l’histoire de cette Rome West.

Le premier chapitre nous raconte comment, suite à une tempête des navires romains viennent se fracasser sur les côtes américaines près de l’actuelle Manhattan. Conscient qu’ils sont coincés ici et soucieux de survivre, les Romains menés par Lucius Valerius décident de coexister avec la tribu Hopewell ce qui va donner naissance à une « nouvelle civilisation ». À partir de là les chapitres sont espacés de quelques années à quelques centaines d’années sur plus de 1500 ans. On découvre comment cette nouvelle Rome assimile les cultures et civilisations qu’elle côtoie, les problèmes politiques qu’elle rencontre et les guerres qu’elle mène parfois. Le tout toujours depuis le point de vue d’un membre d’une branche de la famille Valerius.

On a droit à la première rencontre avec les Vikings à la recherche du Vinland, l’arrivée de Christophe Colomb, une grande guerre contre les Aztèques et la construction d’un canal au Panama au 16ème siècle. Il y a parfois des chapitres plus terre à terre, comme l’histoire d’amour d’une infirmière descendante des Valerius avec un soldat revenue de la « Grande Guerre » qui fait rage dans le vieux monde.

Au niveau de l’univers, chaque ville de ce Nouveau Monde est suivie du nom OTL entre parenthèses. Par exemple : Roma Boreas (Portsmouth, New Hampshire).

L’univers exploré ici a l’air très sympa, mais on se contente de le survoler sans trop de détails puisque 1500 ans d’histoire sont passés en revu en moins de 100 pages. Ce monde reste donc très flou. On ne sait pas exactement à quoi ressemble l’Europe ou l’Asie. La Chine semble avoir colonisé l’Australie par exemple. Plutôt que 6 pages de croquis en fin d’ouvrage j’aurais préféré des cartes du monde montrant les frontières à l’époque des différents chapitres.

Niveau dessin, c’est plutôt bon et efficace. Comme souvent le rythme des publications US fait que le dessin n’est pas forcément aussi poussé que sur de la BD franco-belge. Mais le dessin de Mutti se marie très bien aux couleurs de Loughridge.
Le carnet de croquis en fin d’ouvrage n’apporte malheureusement pas grand-chose.

Il y a aussi des erreurs historiques, et ce dès les premières pages et donc avant le POD. Au début de l’histoire, on nous dit que nous sommes en 325 après J.-C., plus de 300 ans après la mort d’Auguste. Pourtant, les Romains qui nous sont présentés sont équipés en scutum (boucliers) de Romains de la fin de l’ère de la République et navigant dans les trirèmes ressemblant à celle de l’ère classique athénienne. Les Romains prennent les natifs « basanés » pour des Carthaginois, civilisation éteinte depuis 4 siècles au moment du récit. Lorsque Christophe Colomb débarque, les descendants des Romains découvrent la religion chrétienne alors que cette religion est déjà connue des Romains à l’époque du POD, puisque légalisé par Constantin.

Rome West reste un divertissement agréable et au prix abordable, mais n’est pas une uchronie très solide puisque les bases historiques au moment du POD sont déjà faussées. Et l’univers est trop peu exploité. Encore une fois il aurait fallu remplacer les 6 pages de croquis par des cartes et explication des scénaristes.

4 commentaires sur “Rome West – Brian Wood, Justin Giampaoli, Andrea Mutti

  1. Un point, les Carthaginois n’ont pas disparu après la conquête romaine. On trouve des traces de sacrifice humain à Baal jusqu’à la conquête Arabe. Septime Sévère était d’ailleurs un Punique. Pour le reste, par contre, tu as raison.

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