Alien3 — Pat Cadigan

Résumé :
« L’auteur de science-fiction et initiateur du mouvement cyberpunk, William Gibson avait écrit un premier scénario faisant suite au film Aliens, le Retour. Jamais adapté à l’écran et donc totalement inédit, son scénario est décliné en roman par Pat Cadigan avec Alien3. Après les événements sur la planète LV-426, le vaisseau Sulaco entame son retour vers la Terre. À son bord dorment Ripley, Newt, Bishop et Hicks dans des capsules de biophase. Mais d’autres êtres se sont invités au voyage… Sur le chemin, l’Union des Peuples progressifs va en faire les frais, tout comme l’équipe de scientifiques de la station spatiale et base militaire Anchorpoint, qui prend en charge le vaisseau. C’est sur cette planète, que se réveillent Newt et Hicks. Ils prennent connaissance d’inquiétantes rumeurs : à Anchorpoint, des expériences de clonage et de modifications génétiques seraient faites sur les xénomorphes. Des expériences qui pourraient bien provoquer la naissance d’un monstrueux hybride, voire d’une Reine… »

Fiche technique :
Illustrateur : Pat Cadigan
Éditeur : Bragelonne
Pagination : 384 pages

Petit achat compulsif ici. Il faut dire qu’« Alien » + « scénario de Gibson » + « belle couverture illustrée par Mike Worall » = « grosse tentation ». Il est à noter que j’ai profité de la sortie de ce livre pour revoir les quatre films Alien, vous pouvez retrouver mon avis dans le Constellation Express dédié. Enfin, car l’histoire de ce livre va être immanquablement comparée au film de David Fincher, cette chronique va être pleine de divulgâchage. Il faut dire que le film date d’il y a trente ans, vous avez donc eu le temps de le voir. Dernier point, je pars du principe que cette novélisation est fidèle au scénario de Gibson.

Pour rappel, le film Alien 3 de Fincher est basé sur un scénario de David Giler et Walter Hill. Alors que Ripley, Newt, Hicks et le débris de Bishop sont dans des capsules de stase, le Sulaco est victime d’une défaillance engendrée par un facehugger. Les systèmes du Sulaco éjectent la capsule des passagers qui s’écrase sur Fiorina « Fury » 161, une planète-prison où se trouve une colonie minière pénitentiaire. Sans faire la chronique d’un film que j’ai trouvé assez moyen, surtout après « Aliens » (le deuxième film), il faut rappeler que dès l’intro du film, les personnages de Newt, Hicks et Bishop sont éliminés de l’intrigue d’un coup de baguette magique ce qui est décevant, facile et un énorme gâchis.

Qu’en est-il dans la version Cadigan/Gibson ? Le Sulaco connait une défaillance qui le fait traverser une zone sous contrôle de l’Union des Peuples Progressistes et la station Rodina. Des commandos de l’UPP (URSS du futur) vont aborder la Sulaco pour copier ses données. Ils vont s’emparer du buste de Bishop (un robot, je le rappelle), perdre l’un des leurs à cause d’un facehugger et évacuer le vaisseau. Le Sulaco finit par rejoindre Anchorpoint, une station de l’ICSC (OTAN du futur). On retrouve au passage la critique du capitalisme déjà présente dans les films. Lorsque les Marines entrent dans le vaisseau, il y a un nouvel incident et des victimes, mais par miracle Ripley, Newt et Hicks sont toujours vivants. Nous voici donc avec deux stations, deux camps idéologiquement opposés qui sont en possession de données et d’échantillons concernant les terribles xénomorphes. Ces derniers ont une petite particularité évolutive. Les dernières larves, celles qui ont contaminé le Sulaco, ont réussi à mêler leur ADN au sang synthétique de Bishop. Une impossibilité biologique, qui change la donne quant à l’évolution et au cycle de reproduction des xénomorphes. On se retrouve donc avec deux stations rivales faisant face à une contamination mortelle et implacable.

Une petite pause sur la question des personnages. J’espérais que Ripley, Newt, Hicks et Bishop connaitraient un destin moins décevant que dans le film. C’est raté. Hicks organise le départ de Newt vers sa famille, sur terre. Ripley passe tout le début de l’histoire dans un coma inexpliqué, puis constatant la contamination de la station, Hicks balance Ripley dans une capsule d’évacuation et basta. Vous n’entendrez plus parler d’elle ni de Newt. L’histoire tourne donc autour d’Hicks et Bishop. C’est donc tout aussi dommage que le choix fait pour le scénario du film. Car l’un des points forts du film Aliens (Alien 2) est la relation qui se tisse entre les quatre personnages.

Pour en revenir à l’intrigue, elle tourne principalement autour de l’apocalypse qui gagne Anchorpoint. On a aussi en parallèle ce qui se passe sur Rodina. Un moyen de renvoyer dos à dos capitalistes et communistes qui malgré des idéaux différents font les mêmes erreurs. Les personnages, secondaires, que se coltine Hicks ne sont pas particulièrement intéressants. Je n’ai accroché à aucun personnage, pas même Hicks et Bishop qui me paraissent trop différents de leurs versions d’Aliens. Si l’idée d’avoir une reproduction et un cycle évolutif des xénomorphes complètement bousculé est intéressante, je ne le trouve jamais crédible. On se retrouve avec des tripotées de chestbuster capable de sortir d’un seul corps humain, mais aussi des xénomorphes qui se développent directement jusqu’au stade adulte, directement à l’intérieur du corps de l’hôte humain qui est ensuite disloqué de l’intérieur. Sauf qu’à aucun moment, les infectés ne se rendent, compte qu’ils ne vont pas bien. Ça n’a aucun sens à mes yeux. Quant à la fin, elle reste tout à fait classique pour une histoire se déroulant dans l’univers Alien. On a toutefois droit à un pitch intéressant de Bishop quant à la lutte pour la domination et la survie qui vient de démarrer entre humain et xénomorphe, laissant entendre qu’il faut s’attendre à une guerre totale, une guerre d’extermination.

« Ces créatures sont à la vie ce que l’antimatière est la matière ».

Il est à noter un petit clin d’œil sympathique à l’œuvre de Gibson via un vaisseau de transport baptisé « Mona Lisa » qui utilise un « overdrive », référence au troisième tome de la « trilogie Neuromancien » titré « Mona Lisa disjoncte » ou « Mona Lisa Overdrive » en VO. Enfin, certaines des hypothèses émises par les scientifiques de l’UPP quant à l’origine des xénomorphes rejoignent ce que l’on a découvert dans Prometheus.

Je n’irais pas jusqu’à dire qu’Alien3 a été une lecture désagréable, mais c’était loin d’être incroyable. Cette histoire aurait fait un film Alien3 tout aussi moyen et décevant que celui de Fincher. Comme dans ce dernier, le formidable quatuor formé par Ripley, Newt, Hicks et Bishop n’est pas exploité. Les nouveaux personnages ne sont pas intéressants. Hicks et Bishop perdent tout intérêt. Il y a des longueurs. L’évolution des xénomorphes, si elle est intéressante, reste assez peu crédible. Un livre que je vais vite oublier.

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