Mona Lisa disjoncte — William Gibson

Résumé :
« Trois femmes que tout sépare, Sally, ancienne mercenaire, Mona, prostituée et Angie superstar, se retrouvent autour de l’Aleph, fantastique instrument de pouvoir… »

Fiche technique :
Auteur : William Gibson
Éditeur : Au Diable Vauvert
Pagination : 464 pages

Nous voici donc arrivés à la conclusion de la trilogie de « L’étendue » (The Sprawl Trilogy).

Nous suivons les trajectoires de cinq femmes : Sally, ancienne mercenaire maintenant au service de la mafia londonienne ; Mona, droguée, prostituée, qui survit au jour le jour dans un squat à Cleveland ; et Angie, la superstar mondiale des Simstim ; Cherry, charger de veiller sur un « dormeur » connecté à la Matrice ; et Kumiko fille d’un Yakuza tokyoïte qui est envoyé se planquer à Londres. En toute logique, les intrigues de chacun de ces personnages sont liés et vont se télescoper.

Kumiko est envoyé à Londres par son yakuza de père alors qu’une guerre des clans se prépare au Japon. Chez son protecteur local, elle rencontre Sally, qui va l’embarquer dans une sale histoire. En parallèle, Mona galère avec son mec et proxénète qui finit par la vendre a des gens qui ont les moyens et un plan. Angie quant à elle est une star mondiale qui sort de désintoxication.

Évidemment, Angie n’est autre qu’Angie Mitchell autour de qui, sept ans plus tôt, des IA et ces Mégacorporations se livraient une guerre dans « Comte Zéro ». Le Comte, justement, est le « dormeur » sur qui Cherry veille. Enfin, Sally n’est autre que Molly Millions que j’avais adorés dans « Neuromancien ». Elle est chargée d’enlever Angie pour le compte d’un puissant client et de la remplacer par un « sosie », qui ne sera autre que la pauvre Mona vendue par son mec. De près ou de loin, on le découvre à la fin, toutes ces intrigues sont liées aux changements que Neuromancien et Wintermute ont déclenchés dans le premier tome de la trilogie.

Malheureusement, alors que j’avais adoré les deux premiers tomes, ici, je dois bien avouer que je suis beaucoup moins convaincu. Si la lecture reste plaisante pour qui aime la plume de William Gibson, « Mona Lisa disjoncte » souffre de gros défauts. D’abord, s’il y a un semblant de rythme instauré par les changements de point de vue entre les différents personnages, il s’avère que l’intrigue ne décolle jamais vraiment. Aussi, tout reste très flou. Les motivations des différentes « puissances » qui manipulent les personnages sont assez difficilement compréhensibles. Aussi, si la fin arrive à surprendre, elle arrive de nulle part et détonne avec le reste de l’univers développé jusque-là tout en restant très, très floue sur le reste. Enfin, j’ai un gros problème avec les personnages. J’adore le personnage de Molly, mais ici, je trouve que son traitement est largement en dessous de ce qu’elle dégageait dans « Neuromancien ». Angie et le Comte ne sont que des outils alors qu’ils étaient au cœur de l’intrigue de « Comte Zéro », mais ils restent indispensables au « grand plan ». Mona, qui donne son titre au livre, n’est qu’un bagage, tout comme Kumiko. Les IA sont étrangement omniprésentes tout en étant, en quelque sorte, absentes, à cause d’un comportement et de propos trop nébuleux, qui servent à nous montrer à quel point elles sont singulières, mais cela n’aident pas à la compréhension de l’intrigue.

« Mona Lisa disjoncte » n’est pas désagréable à lire grâce à la plume de son auteur et reste rythmé grâce à son découpage, mais c’est tout. S’il est plaisant de trouver une histoire cyberpunk qui place autant de femmes au cœur de son intrigue, les personnages restent sous-utilisés, y compris ceux qu’on avait croisés dans les tomes précédents. Les nouveaux personnages restent totalement oubliables. L’intrigue qui ne décolle jamais tout à fait reste floue jusqu’à sa fin qui, si elle est surprenante, est décevante.

Vous pouvez retrouver l’analyse du Chroniqueur par ici.

2 commentaires sur “Mona Lisa disjoncte — William Gibson

Laisser un commentaire