The Department of Truth (Tome 4) – James Tynion IV & Martin Simmonds

Résumé :
« L’un des opposants les plus coriaces du Département de la Vérité vient d’être retrouvé mort dans la capitale américaine, et tout porte à croire que l’organisation Black Hat est à l’œuvre. Un mystère de plus pour Cole Turner, qui va rapidement devoir se frotter au Ministère du Mensonge, le service soviétique qui mène depuis des décennies une guerre secrète à son homologue américain. »

Fiche technique :
Scénariste : James Tynion IV
Illustration : Martin Simmonds
Éditeur : Urban Comics
Pagination : 144 pages

Comme on est sur une série en cours, il y a un risque, arrivé au quatrième tome, que la chronique contienne des spoilers.

Chronique des tomes 1, 2 et 3.

Le tome 3 était un volume « chorale » aux multiples dessinateurs et coloristes à l’aide desquels James Tynion IV nous racontait les années « Lee Harvey Oswald » au sein du Département de la Vérité. Son arrivée, ces expérimentations, sa prise de pouvoir… Le tout dans un contexte de Guerre froide. Ce tome était l’occasion de nous dévoiler l’existence d’un équivalent soviétique du Département de la Vérité : Le Ministère du Mensonge.

Le tome 4 s’ouvre sur l’implosion de l’URSS. Alors que la Russie s’ouvre au libéralisme, Lee Harvey Oswald se rend à Moscou pour venir savourer « son triomphe » face à l’adversaire soviétique. Les deux agences viennent de passer plusieurs décennies à s’affronter pour imposer leur réalité et c’est donc l’idéal libéral, le rêve américain qui devient la réalité dominante. Cette séquence est brillante, car à la fois très pertinente dans l’univers de fiction que nous parcourons et renvoie totalement à notre réalité politique. En gagnant la guerre froide, l’Amérique est devenue la puissance militaire, économique, politique et culturelle dominante. Le « siècle américain » nous a aussi montré un Empire qui est un colosse au pied d’argile qui croule sous le poids de ses propres fables (ici l’ambition d’Oswald) et qui se retrouve entouré d’ennemis extérieurs et intérieurs. Mais si la réalité américaine s’effondre, que restera-t-il du monde ?

Dans un monde bouffé par les mites de la conspiration qui pullule partout, le Département de la Vérité se fait déborder par Black Hat. On retrouve le conspirationnisme de bas étage qui a explosé avec les années Trump. Celui de ceux qui vous promettent la vérité, mais qui en réalité vous vendent « leur réalité ». Cela rappelle aussi la réalité alternative que le gouvernement russe et ses relais tentent de construire autour de leur « opération spéciale » en Ukraine. Le tome s’achève sur l’amorce de la riposte de Lee Harvey Oswald, inspiré par un Cole Turner plus torturé que jamais par ce que tout cela implique.

Un tome brillant qui ne se repose pas sur ses lauriers. C’est diablement bien pensé, richement documenté pour un worldbuilding définitivement génial, qui s’étoffe à chaque tome et qui sert à merveille un scénario éminemment politique.

Visuellement, après un tome 3 qui a vu défiler les dessinateurs et coloristes, on retrouve le travail fantastique de Martin Simmonds pour lequel je n’ai pas de nouveaux superlatifs.

Avec « Le Ministère du Mensonge », James Tynion IV et Martin Simmonds confirment qu’ils sont les deux faces d’une même pièce : « The Department of Truth ». Après un tome 3 aux multiples histoires, dessinateurs et coloristes, qui nous dévoilaient le passé du Département de la vérité. Ce tome 3 reprend là où le 2 nous avait laissés. La réalité est potentiellement au bord de l’effondrement et il ne semble pas y avoir de gentils dans cette histoire. En tout cas, si James Tynion IV et Martin Simmonds arrivent à maintenir ce niveau de pertinence et de qualité jusqu’au bout de la série, je pense que l’on tiendra une œuvre majeure de l’industrie et un de mes comics préférés.

L’avis de Weirdaholic.

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