Je suis une légende — Richard Matheson

Résumé :
« Chaque jour, il doit organiser son existence solitaire dans une cité à l’abandon, vidée de ses habitants par une étrange épidémie. Un virus incurable qui contraint les hommes à se nourrir de sang et les oblige à fuir les rayons du soleil… Chaque nuit, les vampires le traquent jusqu’aux portes de sa demeure, frêle refuge contre une horde aux visages familiers de ses anciens voisins ou de sa propre femme. Chaque nuit est un cauchemar pour le dernier homme, l’ultime survivant d’une espèce désormais légendaire. »

Fiche technique :
Auteur : Richard Matheson
Éditeur : Folio SF
Pagination : 240 pages

Un livre que je voulais lire depuis un moment. J’ai profité de mes vacances pour le dévorer en quelques heures. J’avais ce livre en tête depuis l’adaptation ciné de 2007. Bien que le film de Francis Lawrence n’était pas fidèle au livre de Richard Matheson, je dois confesser que je l’aime bien même si les infectés en image de synthèse ont mal vieilli. Il est noté que ce roman a déjà été adapté trois fois : Je suis une légende (The Last Man on Earth) en 1967, Le Survivant (The Omega Man) en 1971 et donc en 2007.

Robert Neville est le dernier survivant (supposé) d’une épidémie qui a transformé le reste de l’humanité en vampire. On le retrouve cinq mois après l’épidémie, solitaire, vaquant aux occupations qui le maintiennent en vie malgré une santé mentale en chute libre à cause des épreuves qu’il a traversées ainsi que la solitude. Neville, immunisé à la suite d’une morsure de chauve-souris quelques années plus tôt, à regarder son monde s’effondrer. Sa fille, sa femme, ses voisins… tous sont morts et beaucoup d’entre eux sont revenus à la vie sous une forme monstrueuse. Toutes les nuits, les vampires font le pied de grue devant sa maison bien protégée contre les vampires. Parmi eux, son voisin et ami Ben Cortman qui l’invite à s’abandonner à « eux ». Neville mène des raids de ravitaillements dans les alentours, profite du jour pour traquer les vampires en sommeils et les éliminer, mais peine à trouver une raison de rester en vie. Il va alors se mettre à étudier, potasser et tester afin de comprendre ce « vampirisme » et lui trouver un éventuel remède. Tout cela est chamboulé le jour où il rencontre une autre survivante.

Commençons par le défaut du livre : il date de 1955 et cela se sent sur un point, le rapport à la femme… digne des années 1950. On sent qu’à cette époque les épouses/compagnes tenaient la maison et appartenaient à leurs hommes, même si l’amour de ces derniers envers elles pouvait être tout à fait sincère. Ainsi, malgré la vision de la femme dans le livre, on sent que Neville aimait sa femme comme un fou.

En dehors de ce défaut, le livre découpé en trois parties séparé de plusieurs mois/années est franchement plaisant à lire et très prenant. Le présent de Neville est entrecoupé de flashback nous permettant de comprendre (un peu) l’épidémie, les pertes qu’il a subies… Tout du long, on voit sa santé mentale vaciller à cause de la solitude, mais aussi à cause du manque de sexe. Ainsi, malgré une vision de la femme typique des années 1950, l’auteur nous rappelle aussi que « les mecs sont des animaux ». La fin du livre est assez prodigieuse tant elle inverse le rapport entre monstre et victime. La relation amoureuse que le héros va développer est aussi (en quelque sorte) une inversion du cliché de la femme humaine qui tombe amoureuse d’un vampire. Et le livre pose une question très importante : du dernier humain ou du vampire, qui est le monstre ? Les dernières pages nous font comprendre pourquoi et comment, en changeant de perspective, Robert Neville est une légende. Ce sont d’ailleurs ces éléments qui font que le film de 2007, s’il m’est plaisant, est par contre une mauvaise adaptation qui passe à côté de la quasi-totalité du propos du livre de Matheson. La tentative, avec les connaissances de l’époque, de donner une explication scientifique et médicale au vampirisme est assez plaisante. D’autant qu’on ne la voit qu’à travers les tentatives de Neville qui n’est pas un scientifique. Il bute ainsi sur des questions qui resteront sans réponse et trouvent d’en d’autres cas des explications et hypothèses plausibles dont on ne saura jamais si elles sont vraies. Ce « vampirisme plausible » n’est pas sans me rappeler l’excellent traitement de ce sujet dans le tout aussi excellent roman « Vision Aveugle » de Peter Watts.

Après des années à trainer dans ma PAL, j’ai enfin lu « Je suis une légende ». Une courte lecture, intense et plus que plaisante. Certes, le livre a un peu vieilli, notamment sur le traitement du rapport homme-femme propre aux années 1950. En dehors de ça, tout marche vraiment avec une redoutable efficacité et en portant un propos intéressant sur un sujet qui me plait beaucoup : le rapport à l’altérité, à la folie qui guette, à l’homme qui se transforme en monstre, au changement de paradigme qui redéfinit le concept de société et de civilisation. Une lecture plus que recommandée dont le statut de « classique » n’est pas galvaudé.

5 commentaires sur “Je suis une légende — Richard Matheson

Laisser un commentaire