Retour à Night City

Il y a un tout petit peu plus de deux ans, dans mon article « Un punk cybernétique dans les nuages » je vous parlais de GeForce Now, la plateforme de cloud gaming de Nvidia, et du jeu Cyberpunk 2077.

Trailer d’annonce

Cyberpunk 2077 2.0 et plus

Cet hiver, j’ai profité des dernières semaines de ma convalescence postopératoire pour recommencer Cyberpunk 2077 à zéro, toujours sur GeForce Now. Pourquoi recommander un jeu openworld chronophage ? Parce qu’il a subi une énorme mise à jour et reçu une extension fin septembre 2023. La mise à jour dite 2.0 (suivit quelques semaines plus tard d’une 2.1 et autre patch mineurs) amène le jeu à un nouveau standard, à ce qu’il aurait dû être à sa sortie. Il corrige énormément de bugs, mais surtout change pas mal de choses dans le gameplay.

Au rang des changements les plus importants à mes yeux se trouvent les modifications du « loot » et des équipements. Pour avoir de l’armure, on se retrouve plus à « blinder » son blouson. On porte un gilet balistique et on améliore le « chrome » (les prothèses cybernétiques) de son personnage. Les arbres de compétences ont été entièrement retravaillés, les rendant plus lisibles et plus attractifs. J’ai ainsi pu faire évoluer un personnage pour vivre les phases d’action comme je les aime. Mon personnage mélangeait de très bonnes capacités dans le domaine du hacking, une combinaison bien dosée d’aptitude au tir et à l’infiltration, accompagnée d’un semblant de maniement des armes blanches pour pouvoir gérer certaines situations. Ainsi mon expérience d’il y a deux ans est passée de « cool » à « plutôt jouissive ». Quel plaisir de débuter un assaut par une infiltration à base de balles dans la tête distribuées par un pistolet équipé d’un silencieux, puis d’enchainer en hackant un personnage pour le pousser à se tirer une balle dans la tête pendant qu’on élimine ses acolytes dans une furieuse fusillade ! L’expérience à bord des véhicules reçoit une bonne amélioration avec la possibilité de tirer depuis son véhicule ou de pirater les véhicules adverses ou encore d’utiliser des véhicules armés. Dommage que la conduite en elle-même soit toujours aussi peu intéressante.

Un aperçu des évolution de gameplay

Au niveau des missions et du monde, le jeu est plus dynamique avec plus d’évènements secondaires, mais divertissants. Il y aussi beaucoup moins de bugs de déclenchement/finalisation de quêtes, même si mon espoir de finir le jeu à 100% aura été encore une fois gaché par une quête secondaire qui ne se déclenche pas et dont le seul contournement serait de recommencer le jeu depuis le début en espérant ne pas avoir le bug dans ma nouvelle sauvegarde.

La mise à jour 2.1 offre aussi tout un tas de nouveautés auquel je ne trouve aucun intérêt voir qui sont carrément ratées. Il est par exemple possible d’utiliser le NCART (Night City Area Rapid Transit), en gros prendre le métro/RER pour se rendre d’un bout à l’autre de la ville. Pour ma part, parce que le temps que je peux consacré aux jeux vidéo n’est pas illimité, je préfère utiliser les points de « fast travel » combinés à une conduite qui viole toutes les dispositions du code de la route. S’y ajoute que j’ai bien du mal à comprendre l’intérêt de faire un tour de métro virtuel. L’autre point d’amélioration qui ne m’a servi à rien touche aux romances. Il est en effet possible de passer du temps avec ses « conquêtes », mais cela se résume à les inviter dans notre appartement, discuter cinq minutes de manière générique puis faire dodo. De plus, les scènes de sexes que je trouvais déjà embarrassantes et inintéressantes, parce que franchement mal faites ne peuvent toujours pas être « zappées ».

Phantom Liberty

Trailer cinématique

« Phantom Liberty », tel est le nom de l’extension sortie trois ans après le jeu original. Dans un run de gameplay normale, c’est-à-dire en reprenant le jeu depuis le début comme je l’ai fait, l’extension est accessible après avoir atteint un certain niveau de réputation. On reçoit alors un appel de la mystérieuse Songbird, une netrunner qui nous convie à une mission dans le quartier de Dogtown avec la promesse pour V (le personnage jouable) d’avoir accès à un remède au mal qui le/la ronge.

Je vais faire simple, l’extension surpasse en tout point le jeu original. Bien que Dogtown soit un mini open-world dans celui constitué par cité-État de Night City, le contenu y est plus concentré. Toute l’histoire de Phantom Liberty tourne autour des machinations politiques et de l’espionnage dans une ville tenue par une société militaire privée fondée par un général rebelle de la dernière guerre civile américaine. Si Songbird fait appel à nous, c’est parce que l’avion spatial de la présidente des NUSA, Rosalind Myers, est sur le point de s’y écraser. « Song » a besoin de nous pour sortir sa bosse de là, la mettre en sécurité puis monter une équipe d’ex-agents totalement cramés pour procéder à son extraction. Parmi ses agents, l’autre personnage clef est Solomon Reed, incarné par l’acteur Idriss Elba. Le scénario offre un mélange d’action infiltration avec plusieurs passages scriptés et très intense qui rappelleront les lointaines heures glorieuses de la licence « Call of Duty ». Meurtres, choix difficiles et trahisons seront au menu et nous mènent à un dernier segment épique qui se joue dans le NCX (Night City International and Translunar Spaceport), l’astroport de Night City. Cette extension est l’occasion de se frotter un peu plus à ce qui se cache dans l’ancien Net, derrière le Mur Noir (voir mon hypothèse plus loin).

Au-delà du scénario et du « petit monde » de Dogtown, j’ai trouvé les nouveaux personnages clefs très réussis tant sur le plan de l’écriture (qui nous pousse à faire des choses pour ou contre eux) que sur le plan visuel. Leurs doublages en VO sont parfaits. Visuellement, ils se distinguent largement les uns des autres et ont quelques-uns des character design les plus réussis du jeu dans son ensemble. Mention spéciale à Son So Mi (Songbird) qui est très belle, s’avère être principalement cybernétique tout en dégageant une humanité et une mélancolie qui fait qu’on est prêt à tous les sacrifices pour elle.

Songbird, modèle 3D par Grzegorz Chojnacki. Plus ici.

Le seul bémol porte sur certaines missions totalement secondaires confiées par Muamar Reyes et consistant en du vol de voiture. Si les premières sont sympas et permettent d’utiliser les nouveautés de gameplay, elles deviennent vite très répétitives.

Bref, Phantom Liberty est génial !

Il est à noter que la sortie de l’extension est accompagnée de la sortie de « Ten of Swords », un prequel sous forme comics. Plus que dispensable, vous pouvez  néanmoins retrouver ma chronique ici.

Mon expérience globale

Attention, ce paragraphe contient quelques spoilers.

Là où ma première expérience de Cyberpunk 2077 s’était faite via la version masculine de V. J’ai ici opté pour la version féminine et l’expérience est nettement supérieure. Je pense que l’histoire a initialement été écrite pour « une V » avant d’être adaptée pour aussi jouer « un V ». La relation avec Johnny Silverand (le « fantôme cybernétique » qui squat une partie de notre tête) est beaucoup plus intéressante et donne presque l’impression d’avoir un grand frère asocial, taré et casse-couille, mais bienveillant et bien intentionné. Niveau romance, j’ai fait le choix de la relation lesbienne avec Judy Alvarez. Cette dernière, outre son character design assez génial, va de tragédie en tragédie et on a envie d’être à ses côtés et de changer de vie. La « Judy amoureuse » est d’ailleurs très touchante et surprenante. Il est aussi rigolo de tenter de draguer Panam, mais de se vautrer puisqu’elle est hétéro, tout en bâtissant une superbe amitié avec elle. Une de ses amitiés où on traverse l’enfer en sifflotant au côté d’un(e) ami(e), car il est hors de question d’abandonner.

Cette « sororité » se poursuit dans l’expansion « Phantom Liberty ». D’abord avec Rosalind Myers dont on doit sauver les miches et dont le côté assez « bad ass » déclenche une sorte d’admiration que le personnage se révèle être pourrie jusqu’à la moelle. Mais là où elle atteint des sommets, c’est avec Songbird qui, étant condamnée, va nous trahir ou tout du moins nous manipuler pour avoir une chance de sauver sa vie. On a alors le choix entre la livrer à Solomon Reed et donc à Rosalind Myers, ce qui la condamnerait à un sort funeste, ou alors se battre pour elle et la sauver malgré tout. C’est cette voix que j’ai suivie et elle m’a offert une fin à la fois épique et touchante pour mon run sur Phantom Liberty.

Gâteau (au chocolat) sous la cerise (parce que chacun ses goûts et priorités), des nombreuses fins du jeu principal, j’ai réussi à voir la plus satisfaisante : « Path of Glory ». Faisant de V une légende de Night City. Cette fin nous offre une scène cinématique qui appellerait à une extension supplémentaire (qui n’arrivera pas, car le support du jeu est terminé) puisque V, toujours condamné(e), se lance à l’assaut de la station spatiale Crystal Palace avant qu’on soit interrompu par le générique de fin. Frustrant tant certaines séquences de « Phantom Liberty » montre que les développeurs auraient pu offrir une dernière séquence d’exception et probablement fatale à ce personnage.

Les monstres derrière le Mur Noir

Spoilers, encore des spoilers.

Dans l’intrigue principale du jeu, nous croisons Alt Cunningham, l’ex-copine de Johnny Silverhand. Alt est morte en 2023, ce n’est pas vraiment elle qui subsiste dans le réseau, derrière le Mur Noir (un giga pare-feu). Ce qui reste d’Alt a fusionné avec une ou des IA rebelles dont le Mur Noir nous protège, formant une sorte de divinité virtuelle. Cela rappelle évidemment les IA de la trilogie de « L’étendue » (The Sprawl Trilogy) de William Gibson et j’adore ça.

Cette impression de puissance divine est renforcée par l’extension « Phantom Liberty ». En effet, si Songbird est mourante c’est parce qu’elle a trop souvent fureté de l’autre côté du Mur Noir (ce qui est totalement illégal en plus d’être extrêmement dangereux). C’est pourtant en faisant appel à ce qu’il y a au-delà du Mur qu’elle va, dans le dernier segment de l’histoire, sauver sa vie et celle de V. Elle va alors déchainer une puissance se matérialisant sous la forme d’une foudre divine rougeoyante venant cramer les cyberwares des commandos qui veulent notre peau. Autant vous dire que porter une « Song » mourante dans ses bras tout en assistant à un tel déchainement de puissance est « un sacré kiff ».

Le dernier point intéressant est le mystérieux personnage de « l’homme aux yeux bleus ». On aperçoit Mr. Blue Eyes en deux occasions qui ne sont pas anodines. D’abord dans le scénario où l’on découvre que le candidat à la mairie Jefferson Peralez et son épouse Elizabeth sont victimes d’un complot visant, via la « neuroplastie » (de la modification du comportement et de la mémoire), à en faire un candidat parfait. Parfait pour qui ou pour quoi ? On ne le sait pas. Mais lorsqu’on lui révèle la vérité, dans un lieu public, on découvre qu’au loin Mr. Blue Eyes observe la scène. On le trouve à nouveau en train de nous observer dans le dernier segment de « Phantom Liberty » alors que l’on tente d’infiltrer le NCX pour aider Songbird à aller sur la Lune afin qu’elle se fasse soigner. Enfin, lors de la fin « Path of Glory », c’est lui qui nous aide à monter le plan d’assaut du Crystal Palace. On apprend que ces « hommes » ont profité de notre assaut contre Arasaka pour subtiliser des données et équipements critiques de la megacorporation. Pourquoi Mr. Blue Eyes aide V à finir sa vie sur une opération que personne ne tenterait ? Probablement parce que cela sert un grand plan dont on ignore la nature. Pourtant après l’avoir rencontré « en chair et en chrome » une chose est sûre, il n’est pas humain. Ses yeux sont bleus en permanence non parce que c’est leur couleur. Ils sont de ce bleu scintillant propre au fait d’être connecté à quelque chose ou quelqu’un via le Net. Il est connecté en permanence, car selon moi il n’est qu’un pantin, l’incarnation physique d’une des IA cachées derrière le Mur Noir. D’autres éléments vont dans ce sens : personne ne sait s’il existe ou pas, il est une sorte de légende urbaine. Lorsqu’on pose la question à Songbird (NetRunner d’exception), tout ce qu’elle nous dit est qu’il est un proxy. Le proxy de qui ? Selon moi, il est le proxy d’une IA connecté à son corps et son « cybercerveau ». Enfin, en fouillant dans les fichiers du jeu, un fichier des cheveux de M. Yeux bleus est étiqueté comme étant celui de Morgan Blackhand, personnage clef de l’univers du JDR Cyberpunk et ayant disparu en 2023. Certes, rien d’autre n’indique que les deux personnages sont liés d’une manière ou d’une autre, mais des rumeurs laissent entendre que Blackhand était peut-être encore vivant dans les années 2030-2040. Mon hypothèse et que lui aussi est allé au-delà du Mur Noir, qu’il a trouvé, ou été trouvé par, quelque chose. Qu’il est devenu autre chose, le véhicule dans le monde réel d’une IA qui joue à Dieu, manipulant les uns et les autres, saisissant des opportunités, pour tenter de changer le monde.

Mon grand espoir (qui sera probablement déçu) est que la suite de Cyberpunk 2077 (déjà en chantier), mais aussi les comics qui étendent cet univers, explorera plus la question de ces IA.

Mr Blue Eyes / Alt

GeForce Now après deux ans d’utilisation

Après mon premier run à Night City il y a deux ans j’ai continué à utiliser GeForce Now de manière régulière. En effet, bien que pris par ma vie de famille, ma vie pro et mes activités créatives, j’aime jouer de temps à autre, mais j’aime jouer dans de bonnes conditions. Notamment avec une bonne qualité graphique, permettant de profiter du travail des développeurs et des artistes qui se donnent tant de mal.

J’ai donc régulièrement joué à mes deux RTS (jeux de stratégie en temps réel) préférés qui sont « Steel Division II » et « WARNO » (dont l’early access ne devrait plus tarder à se terminer). Si ces jeux tournent correctement sur mon modeste PC, ils s’avèrent magnifiques et spectaculaires sur une grosse configuration. C’est là tout l’intérêt de GeForce Now, l’accès pour 120 € par an à « une machine de guerre » qui sera toujours maintenu au top. En effet, au fil de la sortie de nouvelles cartes graphiques et processeurs, Nvidia fait évoluer les configurations auxquels on a accès, donnant la possibilité de jouer aux jeux les plus gourmands et les plus beaux dans les meilleures conditions sans avoir à changer de PC. Avant l’apparition de ce genre de plateformes, un gamer devait changer de machine (ou une partie non négligeable de ses composants clefs) tous les cinq ans pour ne pas se retrouver avec un PC périmé lorsque sortait un jeu « Triple A ». Ce qui me coûtait environs 1000-1200 € euros il y a dix ans en coûte maintenant environ 2000. Cela représente plus de dix ans d’abonnement GeForce Now… sans avoir à monter/démonter sa machine. Il suffit d’avoir accès à une connexion fibrée performante et stable. J’ai même poussé l’expérience en jouant à des parties en multijoueur « 10 vs 10 » sur « Steel Division II » et « WARNO » sans rencontrer de latence plus flagrante que depuis mon propre PC.

WARNO

Malheureusement GeForce Now a aussi ses défauts. D’abord une ergonomie qui n’a pas particulièrement évolué et qui n’est pas particulièrement bonne. Ensuite un support client pas terrible du tout. Il faut d’abord arriver à le trouver, puis se coltiner des échanges qui sont clairement passés par « google trad ». Surtout il y a des problèmes vraiment cons. Par exemple, j’ai synchronisé mes comptes « Ubiplay » et « Steam » pour profiter des jeux que je possède sur ces deux plateformes. Je possède le jeu « Ghost Recon Futur Soldier » sorti au début des années 2010. Il apparait donc dans les jeux que je peux lancer sur GeForce Now, mais le jeu ne démarre pas. C’est parce que mon jeu est une version « Steam », mais que GeForce Now ne supporte que la version « Ubiplay ». Une histoire de clef donc. Mais pourquoi m’afficher le jeu comme utilisable dans l’application si ce n’est pas le cas ? Puisque c’est « une affaire de clef » pourquoi ne font-ils pas la distinction entre les versions « Ubiplay » et « Steam »  pour éviter aux utilisateurs ce genre de situation que le support mettra quasiment deux semaines à éclaircir ?

Heureusement, si je trouve le temps de faire un peu de retrograming pour jouer à ce jeu pour lequel j’ai une certaine affection, mon PC le supporte encore aisément. J’aurais seulement aimé voir ce qu’il donnait sur GeForce Now.

4 commentaires sur “Retour à Night City

  1. Merci pour cette chronique, quelle connexion internet minimum est nécessaire pour GeForce Now? (je me tente d’essayer Terra Invicta dessus).

    Sinon pour Cyberpunk, le jeu de base était déjà une sacré claque visuelle et scénaristique alors avec cette nouvelle MAJ, ça doit être un pur bonheur.

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      1. ça devrait aller, je reste sur du 17Mbps le plus souvent (pas top).
        Question: est que ce tu recommandes Wargame: European Escalation? j’ai vu qu’il était dispo.

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      2. Toute la série « Wargame » est recommandable, mais elle commence à accuser le poids du temps.
        Je recommande deux jeux des mêmes développeurs: Steel Division II (Seconde guerre mondiale) et WARNO (Troisème guerre mondiale) qui sont pour moi les références absolue du genre.

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