Le cauchemar d’Innsmouth — Gou Tanabe (Tome 1)

Résumé :
« En 1927, le jeune Robert Olmstead débarque à Newburyport. En quête de ses origines, il n’a d’autre option, pour atteindre sa destination, que de prendre un bus qui passe par Innsmouth, ville voisine sur laquelle courent d’effroyables rumeurs : pacte avec les démons, habitants difformes, culte ésotérique d’un étrange dieu marin… La peur qu’elle inspire est telle que personne n’ose s’y rendre, et nul ne sait ce qui se cache derrière les façades de ses maisons délabrées…
Pourtant, les mises en garde des résidents de Newburyport, loin de décourager Robert, le poussent au contraire à s’intéresser à ce lieu pestiféré : il décide d’explorer les méandres de la cité maudite ! C’est le début d’une descente aux enfers qui le mènera aux portes de la folie… »

Fiche technique :
Adaptation et dessin : Gou Tanabe
Éditeur : Ki-oon
Pagination : 224 pages

Le cauchemar d’Innsmouth, même s’il n’est pas mon Lovecraft préféré, est l’un des textes fondateurs du mythe des Grands Anciens. Il est aussi avec « Les montagnes hallucinées » (déjà adapté par Tanabe) l’un des seuls textes du maitre de Providence à avoir été publié sous forme de livre du vivant de l’auteur. Il s’agit d’un texte fondateur des « lovecrafteries modernes » puisque les évènements d’Innsmouth sont à l’origine de la création de Delta Green. Comme « Les montagnes hallucinées », l’histoire sera adaptée en deux volumes puisque comme le livre suscité, il s’agit de l’un des textes les plus longs de Lovecraft.

L’adaptation aurait pu être un peu casse-gueule pour Tanabe, car il ne se passe pas grand-chose dans la première partie de l’intrigue de Lovecraft. Robert Olmstead souhaite se rendre chez des proches à Arkham. Le prix du billet de train étant trop élevé pour ses moyens, on lui propose de prendre le bus qui passe par Innsmouth, une ville maudite qui répugne tout le monde. Ne croyant pas ces superstitions, le jeune homme décide de se renseigner sur la ville avant de s’y rendre, plus curieux que jamais…

L’introduction et la narration sont classiques pour du Lovecraft et ne dépayseront pas les lecteurs des adaptations de Tanabe ou des textes originaux de Lovecraft. Olmstead revient sur des évènements qu’il a vécus dans le passé et qui l’ont traumatisé et comme souvent chez Lovecraft, l’histoire nous est présentée sous forme de récit dans lequel le narrateur va inclure d’autres récits qu’il tient de personnes lui ayant appris les tenants et aboutissants des évènements. Le narrateur va donc rejoindre Innsmouth et ses habitants difformes et malaisants au possible. Il y a aussi quelques personnes normales dans cette ville, qui vont apprendre pas mal de choses à Robert Olmstead sur les choses à ne pas faire, les quartiers à éviter et aussi lui raconter l’histoire de la ville maudite. Aussi étrange que cela puisse paraitre, même s’« il ne se passe pas grand-chose » ce tome reste prenant et passionnant. Le récit et la mise en image de l’histoire de la ville ainsi que l’ambiance poisseuse et malaisante qu’elle dégage sont une vraie grosse réussite. De plus, ce tome 1 se termine vers la fin de la première journée (et la seule initialement prévue) par notre narrateur, juste avant que les choses ne s’apprêtent à basculer dans l’horreur. Autant dire que le tome 2 de cette adaptation s’annonce prometteur.

Niveau dessins, il s’agit probablement d’un des « Lovecraft » les plus réussies de Gou Tanabe. Les décors urbains en partie désolés permettent à l’auteur de faire des planches qui fourmillent de détails tout en étant chargées d’une ambiance malsaine. Les visages des « Hybrides » sont une vraie réussite et on ressent assez bien le malaise que ressentent les habitants des villes voisines à la simple idée de les croiser. Le flashforward des premières pages du livre nous présentant la destruction d’Innsmouth est impressionnant.

L’adaptation semble prendre quelques libertés avec l’œuvre originale, car si je me souviens bien, Olmstead se renseigne et se rend sciemment à Innsmouth à la recherche de ses origines. Pourquoi cette différence ? Le tome 2 nous le dira surement, mais je reste certain que cela ne portera pas préjudice à cette adaptation. De plus, Tanabe nous épargne les considérations raciales de l’œuvre originale et c’est toujours appréciable.

Tanabe adapte encore une fois avec brio l’une des œuvres de Lovecraft qui, si elle n’est pas plus connue, fait partie des plus marquantes. L’ambiance malsaine de la ville, l’apparence dérangeante de ses habitants… tout y est. Une adaptation remarquable et, à confirmer avec le tome 2, potentiellement l’un des tout meilleurs « Lovecraft by Tanabe » qui sont pourtant déjà tous très bons.

6 commentaires sur “Le cauchemar d’Innsmouth — Gou Tanabe (Tome 1)

  1. Moins convaincu que toi sur l’accroche de ce premier volume et du fait de la structure que tu explique ki-oon aurait été bien inspiré denpublier un unique gros volume. Je n’avais pas pensé a la question raciale chez lovecraft mais c’est vrai qu’on sent dans le dessin cette idee d’un racisme ancré.

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